Ce qu'il y a dans la tête des jeunes et le duel à distance entre Emmanuel Macron et Jordan Bardella

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Tous les jours dans la matinale d’Europe 1, Olivier de Lagarde scrute et analyse la presse du jour. Ce lundi, il revient sur les préoccupations des 18-25 ans et sur la différence d'accueil entre Emmanuel Macron et Jordan Bardella au Salon de l'Agriculture.

Dans la tête des jeunes.

On sait qu’ils ont le cœur plutôt à gauche, qu’ils sont davantage préoccupés par le sort de la planète que les vieux, qu’ils sont évidemment opposés à l’uniforme à l’école. Sauf que c’est complètement faux !

C’est ce qui ressort en tous cas d’un grand sondage que publie le Parisien aujourd’hui en France et auquel le journal consacre  pages.

Ce qui est intéressant c’est qu’Ipsos a posé les mêmes questions aux 18/24 ans puis à l’ensemble de la population.

Résultats : Les jeunes sont a priori moins écolo que l’ensemble des Français. Ils se disent par exemple moins enclins à baisser leur consommation de viande.

Leur principale préoccupation c’est le pouvoir d’achat avant l’environnement et vient ensuite l’insécurité.

Ipsos a également testé leur préférence politique en leur donnant à choisir dans une liste de responsable politique de moins de 45 ans. 

Alors que pour l’ensemble de la population c’est Gabriel Attal qui arrive en tête. Les jeunes eux lui préfèrent Jordan Bardella. Marion Maréchal arrive derrière le Premier Ministre en 3eme position. Pas un leader de gauche ne dépasse les 10% chez les 18/24 ans.

Une enquête qui confirme aussi leur relatif désintérêt pour la politique : Seuls 42% des 18/24 ans disent qu’ils iront certainement voter aux élections européennes, c’est 56% pour l’ensemble des français.

Le match Bardella-Macron a commencé.

Le contraste a saisi tous les commentateurs après le psychodrame de l’inauguration par le Président de la République du salon de l’Agriculture : « Emmanuel Macron sous les huées, Jordan Bardella sous les applaudissements. "Tel semble être le résumé politique du week-end", écrit Laurent de Boissieu dans la Croix.

Même l’Humanité -assez peu suspecte de complaisance à l’égard du président du rassemblement national- constate sa popularité dans les allées de la Porte de Versailles. Florent Le Dû raconte : « Jean Michel, éleveur Berrichon lui a pourtant bien lancé un : « Bardella facho ». Mais Aussitôt une dizaine de personne badauds et paysans lui intiment de se taire » : « C’est à toi de partir, gauchiste ! tu dis n’importe quoi va t-en ».

« Ici même, en 2002, -rappelle le journaliste de l’humanité- Jean Marie le Pen avait écourté sa visite sous les huées, la tête de liste du RN est accueillie par des « Jordan président ». Ce dimanche ils sont même des centaines à jouer des coudes pour lui arracher une photo ou une poignée de main et beaucoup de jeune, souligne-t-il « C’est notre sauveur, déclare l’un d’eux… il n’y a que lui pour nous sauver de la racaille des banlieues ».

Voilà ce qu’on lit dans l’humanité ce matin.

« Vraie fausse interview »

Le Figaro pour sa part se concentre en miroir sur la visite ratée du Président de la République.

Emmanuel Macron qui accorde une sorte de « vraie fausse interview » au journal…

Il ne s’agit pas d’une interview en bonne et due forme mais Arthur Berda et Louis Hausalter accompagnaient le chef de l’état lors de sa visite, l’interrogeant ainsi un peu au débotté et notant évidemment ses réponses…

Il en ressort qu’Emmanuel Macron assume l’erreur de l’invitation faite aux membres des « Soulèvement de la Terre ». Il confirme à demi-mot l’information de la Tribune hier : c’est bien Valérie Hayer qui conduira la liste de son camp aux Européennes. Il laisse toutefois entendre qu’il s’impliquera personnellement dans cette campagne. Enfin, il dit avoir obtenu des syndicats agricole la promesse qu’ils laisseraient ses ministres visiter plus calmement le salon de la Porte de Versailles.

Mais en Première page du Figaro, Vincent Trémollet de Villers accueille tout cela de manière assez dubitative : 

« La politique est affaire de symbole et Emmanuel Macron le sait plus qu’aucun autre, écrit-il dans son éditorial. Ce salon du refusé comme il l’appelle en recèle en pagaille : Isolement du pouvoir d’abord… Epuisement du verbe ensuite. L’éloquence s’est affadie… Symbole enfin et surtout de l’anachronisme de la politique de la marche forcée vers la transformation, qu’elle soit productive, écologique ou commercial -poursuit-il-. Jusqu’ici ses défenseurs parvenaient à gagner du temps : samedi, ils ont pris de face le mur du refus.

Et les échos de leur côté, ont beau publier ce matin une enquête de deux pages pour vanter les bienfaits du libre-échange pour l’agriculture européenne, la conclusion de l’éditorialiste du Figaro est sans appel : « Le rêve d’un monde pacifié par les normes et le doux commerce tourne au cauchemar pour ceux qui le subissent comme pour ceux qui l’on promu ».   

Nullissimes 

On termine avec d’autres cauchemars : Celui du patron de la CGT à Mayotte d’abord qui, aux antipodes des discours habituels de la gauche sur la situation dans l’île, explique aux lecteurs de l’humanité que son territoire est au bord de la guerre civile : « Je sais combien il est sensible d’aborder ses questions notamment à la CGT déclare-t-il mais Mayotte subit une immigration d’appropriation de la part des Comores… La situation devient explosive ».  

Enfin beaucoup moins grave mais rageant, le cauchemar c’est aussi ce qu’on vécut tous les amateurs de rugby hier. 13 à 13 un match vraiment nul face aux Italiens. Le constat de l’Equipe est d’ailleurs sans appel ce matin : Nullissimes.