Tous les jours dans la matinale d’Europe 1, Olivier de Lagarde scrute et analyse la presse du jour. Aujourd’hui, la sortie du film de Ridley Scott "Napoléon", Emmanuel Macron, Catherine Colonna et la crèche 2023.
Mercredi, c’est le jour des sorties cinéma de la semaine avec un film qui écrase tous les autres.
L’Icone au bicorne est partout, ce matin et pas seulement en page ciné. Témoin d’ailleurs de cet engouement, la Une de la Provence où le plus célèbre Corse du Monde enfin son interprète est en photo pleine page.
Napoléon Ridley Scott, Joaquin Phoenix.. Rien qu’à l’annonce de ces trois noms, le biopic sur l’empereur français a de quoi faire saliver les amateurs d’histoire, écrit le journal.
Mais commençons par les amateurs de cinéma : les critiques.
Bon, eux n’ont pas franchement adhéré à la fresque monumentale. C’est Napoléon en pire pour le Parisien aujourd’hui en France, qui parle d’un sentiment mitigé entre mise en scène impressionnante et raccourcis historique. Gros sabot et scène d’alcôves, soupire La croix qui a fort peu gouté les scènes languides et torrides.
Libération qui a moins froid aux yeux n’a vu qu’un bourrin. Un biopic qui n’offre aucun point de vue ni sur l’homme ni sur le mythe.
Mais la critique la plus vacharde, c’est dans Télérama que vous la lirez sous le titre "Le Waterloo cinématographique de Ridley Scott", Jacques Morice écrit : « Un génie de la stratégie militaire et un envahisseur sanguinaire, voilà à quoi s’arrête ce portrait. C’est insuffisant et désinvolte quant à la vérité factuelle. Les tirs au canon sur les pyramides d’Egypte font partie des premières inexactitudes relevées par les historiens. Rien sur la politique de Napoléon en France, sa gouvernance, ses tactiques, son despotisme complexe… Et puis le portrait frise la farce, poursuit-il. L’utilisation de la langue de Shakespeare dans la bouche du Corse pleurard très attaché à sa maman n’arrange rien. Bref si on était cocardier, conclu le critique de Télérama on pourrait soupçonner une opération téléguidée par les services secrets britannique.
Laissons tout de même la parole à la défense.
Ridley Scott sujet de la perfide Albion, donne une interview au monde. Monter un drame historique est compliqué. Le public est de plus en plus stupide. Tous ces films de super héros quand est ce que ça s’arrêtera bon sang. Les gens ne veulent pas d’une leçon d’histoire il faut leur proposer un récit centré sur des personnages. Un homme puissant dont le talon d’Achille est une femme est une bonne histoire.
Alors il y a l’histoire, le film, mais Napoléon c’est bien plus que ça.
Pour vous en convaincre, lisez d’abord l’éditorial de l’Humanité. Stéphane Sahuc déclare qu’il faut s’attaquer à l’image de Napoléon. Et le quotidien communiste d’expliquer que ce culte a été fabriqué par la 3eme République. Qu’il symbolise surtout depuis 2 siècles cette idée de l’homme providentiel néfaste au pouvoir parlementaire. Et ce jusqu’à l’actuel Président de la République, affirme-t-il. Lors de son élection, Emmanuel Macron a fait le choix d’une célébration devant la pyramide du Louvre référence subliminale à la campagne d’Egypte. Bref Napo Macron même combat…
Mais lisez surtout en contre point le formidable article de Michel de Jaeghere, qui dans le Figaro, en appelle à Stendhal.
Le 15 mai 1796, le Général Bonaparte fit son entrée dans Milan à la tête de cette jeune armée qui venait passer le pont de Lodi. Et d’apprendre au monde qu’après tant de siècle César et Alexandre avait un successeur.
C’est ainsi que débute la chartreuse de Parme. Et quel lecteur français peut lire ce sublime Incipit sans ressentir une fierté inexplicable, écrit l’Historien du figaro.
Il n’est pourtant rien resté de concret des miracles de bravoure et de génie du général.
N’importe. Nous ne voulons voir que la beauté du geste, poursuit il. Ce moment unique où Paris fut véritablement le centre du Monde, où la France crut avoir imposé à tout le continent son hégémonie au terme de la plus exaltante des aventures militaires.
Ainsi va l’inconscient des peuples, nous ne vènerons l’œuvre de Napoléon que parce qu’elle fit sa part au rêve.
On revient en 2023.
Et le rêve est dissipé Paris n’est plus le centre du Monde. Et Talleyrand n’est pas à la manouvre. Dans Libération vous lirez peut être l’interview de Catherine Colonna. Elle y déclare « qu’il est possible d’être solidaire des Israéliens et des Palestiniens ». Ça ne mange pas de pain comme aurait dit Madame sans gène. Et avant même de savoir que des otages français du Hamas avait été libéré. Dov Alfon dans son éditorial ne se faisait guère d’illusion sur l’action de la diplomatie hexagonale dans la région.
Le seul moyen pour la France de peser sur les négociations a été de passer par ses alliés, le Qatar les États-Unis ou l’Égypte dont l’influence est bien plus importante que la sienne. Nombre de politique font mine de s’étonner et on s’étonne de leur étonnement.
Sinon deux petites choses étonnantes pour finir :
D’abord cette polémique qui est en train de monter autour des « dévendeurs » de l’Ademe. C’est l’opinion qui nous expose l’affaire.
Un spot télévisé commandé par le gouvernement souhaite nous inciter à une consommation responsable. Il met en scène des anti- vendeurs qui conseillent au client de renoncer à leurs achats superfétatoires ou de faire réparer un appareil plutôt que de le changer. Colère de La CPME qui y voit une apologie de la décroissance et un mauvais coup fait aux commerçant à l’approche de Noël.
Enfin puisque l’on parle de Noël, peut-être que malgré les dévendeurs vous vous résoudrez à acheter quelques santons.
Avec cette année une grande nouveauté, nous annonce le Parisien. Un fabriquant d’Aubagne propose un Santon à l’effigie de Bernard Tapie. Alors il n’est pas représenté menotte aux poignets mais levant la coupe d’Europe.
Cela a donné envie à Olivier de Lagarde de réécrire cette célèbre comptine :
Entre le Bœuf et l’Anne gris
Dort dort toi qui fut taulard
Mille ange Divin Mille Sérafin
Volent à l’entour du célèbre Nanard…