Chaque matin, Emmanuel Duteil fait le point sur l'actualité économique.
Dîner d'État ce lundi soir à l'Élysée, c'est le haut niveau de visite protocolaire en France. Un dîner d'État en l'honneur du Luxembourg, un pays à l'économie étonnante ?
C'était soir de fête ce lundi à l'Élysée, smokings et robes longues en l'honneur du couple grand-ducal. Le Luxembourg est en effet une monarchie constitutionnelle. C'est son altesse royale, le grand duc Henri (c'est comme cela que l'on dit) qui est à la tête du pays depuis près de 18 ans. C'est sa première visite d'État en France, la dernière pour le Luxembourg date de 1978. Une visite en grande pompe très teintée d'économie. Il sera par exemple ce mercredi en visite à Toulouse sur les chaines d'assemblage d'Airbus. Il est venu avec 150 patrons ou délégations économiques. Il faut dire que le Luxembourg est un pays qui a une économie qui a de quoi nous faire rêver, 3,5% de croissance l'an dernier, un chômage sous les 6% et une dette qui dépasse à peine les 20%.
Comment expliquer le dynamisme du Luxembourg ?
La première raison est toute simple, le Luxembourg c'est un micro État. À titre de comparaison c'est un poil plus grand que la métropole lyonnaise mais vraiment pas de grand-chose. Ils ont à peine 600.000 habitants, autant que dans la métropole nantaise. Donc être tout petit fait que c'est plus concentré. Si on prenait en France seulement la croissance de Lyon, Paris ou Nantes elle serait forte aussi. Donc la taille c'est la première raison mais aussi étonnant que cela puisse paraitre c'est aussi parce que c'est un État industriel. Le sidérurgiste Arcelor y a encore aujourd’hui l'une de ses plus grosses usines. Imaginez c'est le pays qui a le taux d'emploi dans la sidérurgie par habitant le plus élevé au monde.
Des usines et surtout des banques ?
Vous avez raison La finance c'est un quart du PIB. Il y a des centaines de banques implantées sur place rien à voir avec les besoins des 600.000 habitants.. Le Luxembourg a du coup souvent été présenté comme un paradis fiscal. Depuis peu le pays tente pourtant de gommer cette image. Le patron de l'agence de développement de la place financière luxembourgeoise le disait récemment : c'est difficile de se défaire d'une image qui vous colle à la peau. Selon lui, le pays serait aujourd’hui au même niveau que ses partenaires européens dans tout ce qui est fiscalité. Mais il va encore falloir convaincre. Il y a 10 jours la Commission les a mis encore dans la liste des "trous noirs fiscaux". Et il n'en reste pas moins que certaines entreprises comme Amazon ont choisi le Luxembourg pour installer leur siège européen pour son cadre fiscal et pas pour le cadre de vie de Luxembourg ville. Et quand on voit aujourd’hui comment le pays lutte pour ne pas avoir de taxe sur les géants du net, on se dit qu'il y a encore du chemin. En tout cas, c'est sûr que ce projet français qui tient à cœur à l'Élysée sera au centre des entretiens entre les deux parties.