Chaque jour, Nadia Daam vous présente son coup de patte personnel... En ce lundi, c'est l'anniversaire de la loi Taubira sur le mariage pour tous.
Il y a pile cinq, ans, la loi française légalisant le mariage entre personnes du même était adoptée.
Près de 40.000 couples homosexuels se sont dit "oui" depuis le 23 avril 2013 sans que, comme l’avait prophétisé les anti-mariage pour tous, la terre ne se soit ouvert sous nos pieds. Pas de fin de la civilisation, ni apocalypse ni colère de Dieu qui se serait abattue sur nous. Bien sûr, en cinq ans, nous avons subi quelques fléaux : la mode de la claquette chaussette, le retour du groupe Manau, mais ces punitions divines n’ont évidemment rien à voir avec le fait que l’égalité ait enfin triomphé.
En revanche, si on dresse un autre bilan de ces cinq ans, ce dernier sera plus nuancé. Car en toile de fond des débats autour de la loi Taubira, il y avait aussi la question de la manière dont l’homosexualité était représentée publiquement, des mots employés pour en parler, des avatars culturels choisis pour décrire les gays et lesbiennes. Heureusement, on en est plus là, mais les dits et les non-dits ne sont aujourd’hui encore pas franchement glorieux. Le 8 avril dernier, Laurent Delahousse recevait le rappeur Eddy de Pretto, au 20h. Lequel s’est exprimé publiquement sur son homosexualité. Delahousse s’est aventuré sur le terrain mais avec moults précautions." : il demande au rappeur ce que ça fait "d’afficher ses sensibilités", lui demande "il y en a beaucoup des comme vous" ? Soit Delahousse était très gêné, soit il a joué à "ni oui ni non ni homosexuel"
Du coté des livres, ça n’est guère mieux. La semaine dernière, on apprenait qu’un ouvrage se présentant comme un dictionnaire des maladies et décrivant l’homosexualité comme un "choix de vie" avait obtenu le "coup de cœur de la Fnac". En voilà une bonne idée de labelliser un texte légitimant l’homophobie. A ce train là, on sera même plus étonné si Pierre et vacances désignent la Syrie, comme destination touristique de l’année. Ou si le guide Michelin file une étoile à Quick.
Pour finir, la fiction télé, elle aussi, a encore du mal à intégrer l’homosexualité dans sa narration. Le programme court diffusé sur M6 "scène de ménage" a annoncé la venue d’un nouveau couple dans le programme, un énième couple hétéro. Sous le prétexte qu’un couple homo, ça ferait trop "cage aux folles", dixit le patron de la fiction de la chaîne.
Heureusement, et je n’aurais jamais pensé prononcer cette phrase un jour : il y a la série "Plus belle la vie". C’est dans ce feuilleton qu’a été célébré le premier mariage entre deux hommes à la télé française, plusieurs couples lesbiens apparaissent dans la série, et il y a également été question d’adoption homoparentale et un acteur transgenre a intégré le casting. Si une série dont les acteurs ont tous l’air pété au pastis et dont les paroles du générique font rimer "belle" avec "elle" parvient à être inclusive et moderne, on peut tous y arriver.