Chaque jour, Nadia Daam vous présente son coup de patte personnel... En ce mercredi, elle s'intéresse aux discriminations dont sont victimes les femmes enceintes.
Pas de ragnagnas pas d’opéra. C’est ce que semble estimer l’Opéra de Hambourg qui vient de témoigner d’une classe et d’une élégance rare. La soprano Julie Fuchs, chanteuse lyrique, a eu la très désagréable surprise d’apprendre qu'elle était écartée de son rôle de Pamina dans la représentation de La Flûte enchantée de Mozart, prévue pour le mois de mai.
La production l’en a informée quatre jours à peine avant le début des répétitions et a publié un communiqué dans lequel elle écrit que "l'intégrité artistique de la production de La Flûte Enchantée par Jette Steckel ne peut être maintenue si la soprano qui chante Pamina est enceinte de quatre mois". La chanteuse est en effet enceinte et en avait informée l’institution qui justifie pourtant cette décision par le fait que de nombreuses scènes "demandent des efforts physiques dans cette production, y compris des scènes de vol aérien".
Personnellement, je n’y connais rien en art lyrique, mais je crois que les gens viennent voir la flûte enchantée, pas le Cirque du soleil. Je ne vois pas bien en quoi en quoi suspendre la chanteuse à des poulies et la balancer au dessus de la scène prive la production d’un choix artistique fort. Ou alors, ça a vachement changé l’opéra, ils lâchent des vachettes sur la scène, y a l’épreuve des poteaux comme dans Koh lanta, auquel cas, c’est effectivement peu recommandé pour la future mère et le fœtus.
En réalité, ce que semble constituer cette décision, c’est bien une discrimination à la grossesse. C’est d’ailleurs ce qu’estime Julie Fuchs elle-même qui, dans un post publié sur Facebook, explique qu’il s’agit bien là d’une décision unique et inappropriée. La discrimination à la grossesse c’est une réalité documentée, quantifiée. Une femme sur quatre en serait victime. Selon le défenseur des droits, les femmes enceintes sont même les plus touchées par les inégalités au travail : licenciement abusif, non embauche, placardisation, remarques désobligeantes….
Si vous êtes un être utérin, et que vous attendez un heureux événement, le meilleur moyen d’être traité avec égards, c’est encore d’être un panda enfermé au zoo de Beauval. D’ailleurs, à un moment donné, il va peut-être falloir revoir notre définition de ce qu’est un "heureux événement".
Une grossesse c’est déjà un certain nombre d’épreuves assez désagréables (la prise de poids, les nausées, la rétention d’eau, l’apparition de varices à des endroits dont tu ne soupçonnais même pas l’existence, pire encore… les livres de Marcel Rufo…), si en plus, il faut insister pour continuer à bosser, moi, je suis volontaire pour la première greffe de pénis sur un être utérin.
S’il faut avoir un petit truc en plus pour ne pas avoir plein de droits en moins…