L'Irlande dispose de l'une des législations les plus restrictives d'Europe concernant l'avortement. Mais un référendum prévu en mai pourrait tout changer.
On prend d’abord la direction de l’Irlande, où l’on s’apprête à voter par référendum, sur l’interruption volontaire de grossesse. Vous savez que c’est l’une des législations les plus restrictives d’Europe. Et les partisans de l’avortement ne ménagent pas leurs efforts pour obtenir gain de cause…
Non parce qu’ils ont la conviction que chaque voix comptera dans le résultat final. Et donc ils en appellent même à leurs concitoyens hors du pays : environ 40.000. Des Irlandais de l’étranger pourraient voter (il faut être parti depuis maximum un an et demi et avoir l’intention de revenir vivre en Irlande). Alors à ceux-là, les partisans du "oui" disent "rentrez au pays pour ce vote historique", comme l’avaient fait déjà de nombreux jeunes il y a trois ans, pour le référendum sur le mariage homosexuel.
On a une idée de l’état actuel de l’opinion sur l’interdiction de l’IVG ?
La société irlandaise reste assez fracturée sur cette question, notamment entre les villes et les campagnes, plus traditionnelles et très catholiques. Ceux qui veulent un changement sont plutôt jeunes, actifs et avec un certain niveau de revenus. Plus de femmes aussi. Le dernier sondage la semaine dernière donnait le camp du "oui" devant à 47%, mais en recul de neuf points depuis janvier et un Irlandais sur cinq reste indécis, c’est là que ça pourrait se jouer.
Vous nous rappelez à quelle condition un avortement est légal en Irlande ?
Une seule : si la vie de la mère est clairement en danger. Une exception introduite en 2013 après la mort d’une jeune femme qui avait provoqué une immense indignation. Mais même en cas de viol ou de malformation du fœtus, impossible de demander une IVG en Irlande. Et un avortement illégal est passible de 14 ans de prison.
C’était une promesse de campagne du Premier ministre, ce référendum ?
Oui absolument, Leo Varadkar, qui est au pouvoir depuis juin dernier, est médecin de formation. Il estime qu’une telle interdiction définitive sur un sujet médical et moral, n’a pas à être inscrit dans la Constitution. C’est le cœur des débats aujourd’hui : le 8e amendement qui exprime l’égalité des droits du fœtus et de sa mère. L’abroger ou non, c’est la question qui sera posée aux Irlandais dans un mois, le 25 mai. Et le Premier ministre a d’ailleurs d’ores et déjà prévu de nouveaux votes populaires sur d’autres articles de la Constitution qui font débat : l’un sur l’interdiction du blasphème et l’autre qui stipule que la place de la femme est au foyer.
Et puis il faut aussi ce soir aller en Allemagne, à Trèves, où on est bien embarrassé. Hélène Kohl, vous êtes la correspondante d'Eeurope 1 en Allemagne. Trèves, c’est la ville natale de Karl Marx dont on commémore cette année les 200 ans. Pour marquer l’événement, les Chinois ont envoyé une statue. Mais ils ont peut-être vu un peu grand au goût des Allemands…
Oui, un bronze de 4,5 mètres de haut, plus de 6 si on compte le socle, qui a été pensé pour dominer l'une des places centrales de la petite ville de l'ouest de l'Allemagne. C'est un Karl Marx en mouvement, livre à la main, manteau ouvert. L'oeuvre du sculpteur chinois Weishan Wu, artiste officiel du régime de Pékin, colle tout à fait aux canons communistes du culte de la personnalité. Exactement ce que les Allemands tenaient à éviter en cette année de commémoration. Parce que si tout le monde, ici, s'accorde pour reconnaître que Karl Marx est sans doute l'un des penseurs allemands qui a eu le plus d'influence dans l'histoire, on cherche à dissocier sa pensée philosophique de sa pensée politique.
Oui sauf que pour la Chine communiste, Marx c’est de la politique !
Le voyage à Trèves est même désormais recommandé sur certaines brochures officielles chinoises. La ville estime que 150.000 touristes en mode pèlerinage politique viendront dès cette année. Résultat, cela débouche sur une polémique de plus autour de la responsabilité de Karl Marx dans l'instauration des régimes communistes et leurs dérives. Incarnées par Pékin.
C'est un peu schizophrène tout ça, non ?
On marche sur des œufs en permanence. D'accord pour qu'il y ait des rues à son nom. C'est le cas dans toutes les grandes villes. Mais si c'est pour en faire un héros du communisme, là pas question. C'est pourquoi la ville de Chemnitz a retrouvé son nom original. Du temps de la RDA, elle s'appelait Karl-Marx-Stadt, et c'était une ville modèle au service de la propagande. Autre exemple de cette ambiguïté allemande autour Marx, la ville de Trèves édite cette année des billets de "zéro euro" : une référence au livre Le Capital qui critique le capitalisme. Bonne idée, sauf qu'elle les vend trois euros pièce ! Pour revenir à la statue monumentale, après un débat au conseil municipal et un vote, elle sera finalement bel et bien inaugurée le 5 mai, comme prévu. Impossible de prendre le risque de vexer les Chinois.
En bref, à quelques jours d’un sommet entre les deux Corées, le Sud fait un geste symbolique vis-à-vis de son voisin du Nord.
Oui Séoul vient de débrancher les haut-parleurs géants installés sur la frontière et qui diffusaient à fond, soit des messages de propagande aux soldats nord-coréens en poste sur la ligne de démarcation pour les appeler à faire défection, soit des informations, soit de la K-pop ! Objectif officiel : créer un climat de paix avant le sommet historique de vendredi.