François Clauss, Antonin André et Axel de Tarlé font le point sur l'actualité du jour.
Antonin André, expert politique
La politique c’est Emmanuel Macron qui joue sa propre partition sur le Brexit. Il dénonce une Europe ultralibérale, technocratique et plaide pour une refondation, avec à terme des référendum dans tous les pays. C’était devant les étudiants de Sciences Po ce week-end, Emmanuel Macron parle en homme libre plus qu’en ministre. Il n’a renoncé à rien, pas même à la présidentielle.
Le 12 juillet Emmanuel Macron tiendra un meeting à la Mutualité à Paris, une grande réunion politique avec son mouvement en Marche. Deux jours avant "le jour" du président de la République le 14 juillet. "Où est le problème ?" Vous répond le ministre lorsque vous l’interrogez sur ce calendrier. On va être clair, Emmanuel Macron a décidé de s’affranchir de toutes les règles du jeu politique classique. Pourquoi ? Parce qu’il considère que le système actuel est mort. Des candidats qui font campagne en s’appuyant sur les franges les plus radicales de leur camps pour conquérir le pouvoir sans se demander comment ils gouverneront une fois élu. Une gestion patrimoniale et dévoyé du pouvoir selon lui. Emmanuel Macron appelle ça "la chorégraphie contrainte du quinquennat". La conclusion de son raisonnement est logique : il veut faire exploser le bidule et donc il n’en respectera aucune règle, y compris celle de la loyauté en politique.
En clair, ça veut dire qu’il pourrait se présenter à la primaire de la gauche ? Y compris face à François Hollande ?
"Je n’apporte pas de réponse définitive à la question de ma candidature à la primaire". Première réponse, mais il va plus loin. Emmanuel Macron son truc ce n’est plus droite ou gauche, c’est progressistes contre conservateurs. Et donc en poussant le raisonnement il dit en théorie "Je peux très bien faire les deux primaires !" Celle de droite et celle de gauche. Par exemple, il reconnaît des points d’accords avec François Fillon. Pas avec Nicolas Sarkozy en revanche, qu’il classe dans les conservateurs, pas dans les progressistes. Mais quand Antonin André dit qu’il ne s’interdit rien, il n’exclut pas l’hypothèse de présenter sa candidature à la présidentielle y compris après la primaire du PS, contre celui qui aura été désigné.
Ca paraît fou, il pourrait attendre 2022, il a 38 ans, il a déjà connu une ascension fulgurante.
"Mon horizon c’est 2017, je ne veux pas attendre" après ce sera trop tard, voilà ce qu’il répond "Je veux imposer mes thèmes dans le débat présidentiel". Ça ne passe pas forcément par sa propre candidature, mais tout est organisé pour qu’elle soit possible. Le message est passé et personne ne peut l’ignorer…
Axel de Tarlé, expert économie
Paris espère tirer profit du Brexit en devenant une grande place financière.
Valérie Pecresse, présidente de la Région Ile de France, lance d'ailleurs l'opération "Welcome to Paris-Region" pour les banques prêtes à quitter la Grande Bretagne.
C'est sérieux ? Paris peut-elle contester la domination londonienne ?
En tous les cas, c'est un sérieux revers pour la City.
Il y a de forte chance que La Grande-Bretagne perde ce qu'on appelle le "passeport financier" qui permet aux banques, depuis Londres, de travailler n'importe où en Europe.
Ce qui est un privilège car la Suisse ou encore les États-Unis n'ont pas ce passeport européen. C'est pour cela que les banques suisses et américaines se sont installées à Londres pour ce fameux passeport.
Si la Grande Bretagne le perd, elles n'ont donc plus de raison de rester à Londres.
JP Morgan parle déjà du départ de 4.000 de ses salariés de Londres sur 16.000.
Tout cela est un processus extrêmement long, les Anglais vont défendre leurs intérêts.
Oui, mais maintenant, les Anglais ne seront plus à la table des négociations. Le commissaire européen au service financier, Jonathan Hill, vient de démissionner ce week-end, suite au Bréxit.
Maintenant, Français, Allemands et Hollandais sont seuls. Ils n'ont aucune raison de faire des cadeaux à la City. Les continentaux vont donc normalement chercher à favoriser leurs intérêts, leurs banques et leurs places financières.
Quelles sont les chances et les atouts de Paris ?
Les atouts de Paris, c'est d'avoir de grandes banques européennes comme la BNP Paribas, la Société Générale ou le Crédit Agricole. Paris dispose également d'un grand bassin d'épargne avec les grandes entreprises du CAC 40.
Le seul point faible c'est la fiscalité, mais ce n'est pas le moment de reparler de la taxe sur les transactions financières.
La finance européenne va devenir plus multipolaire et Paris devrait en profiter.