Axel de Tarlé, Anne Le Gall, Alex Taylor et Antonin André font le point sur l'actualité du jour.
Alex Taylor, expert international
Alors comme ça Europe1 fait la une en Ecosse ?
Ach the nu ! L’interview avec Tony Blair "on a French radio" fait la une du journal écossais The Scotsman, telle quelle : la Brexit signifie l’indépendance écossaise.
Pourquoi les écossais sont plus européens ?
Plusieurs raisons. Ils ont toujours lorgné le continent. La vieille alliance (de cinq siècles) entre la France et l’Ecosse, contre l’ennemi numéro 1. Il y avait la double nationalité jusqu’en 1903 et bien avant le whisky le bordeaux était la boisson nationale de l’Ecosse. Ils sont plus pauvres, votent plus à gauche, (le parti conservateur n’existe pas vraiment en Ecosse). Ils profitent davantage des fonds européens donc « Bruxelles » n’est pas un juron en Ecossais.
Les indépendantistes ont le vent en poupe
Ils ont perdu le référendum en 2014, mais il y a eu un ras-de-marée aux législatives 2015 avec 56 des 59 sièges raflés. Ils ont surtout une présidente télégénique Nicola Sturgeon qui a déjà prévenu que si Londres traînait l’Ecosse hors de l’UE contre sa volonté, il y aurait un deuxième référendum sur l’indépendance. Du coup elle, qui est pro-européenne, ne va pas trop faire campagne pour rester dans l’Union Européenne si elle renifle la moindre brise continentale libérant Edinbourg du joug anglais. Ce qui est intéressant, c'est qu'on ne trouve aucun écho de l’interview dans la presse londonienne, d’une europhobie toniturante, mais très pro GB, visiblement gênée par les conséquences d’un Brexit qui pourrait être réduit à un simple Exit, E comme England.
Antonin André, expert politique
Marine le Pen fuit les médias depuis la rentrée. Le Front national a entamé un travail de fond pour adoucir son image notamment via des illustrations avec une nouvelle affiche tirée à 100.000 exemplaires, le visage de Marine Le Pen sur fond de campagne douce et rassurante. Et trois mots : la France apaisée.
Ça, c’est la photo, officielle, la jolie carte postale aux Français. En revanche, il y a une autre affiche que vous ne verrez pas, beaucoup plus sulfureuse : Marine le Pen en meeting jeudi soir à Milan avec le gratin de l’extrême droite européenne, le FPO autrichien, le Vlams belang Belge, Geert Wilders, le leader néerlendais qui distribue des bombes lacrymogène aux femmes pour se défendre des Migrants et qui propose d’enfermer tous les réfugiés musulmans de sexe masculin en prison. Et que dire de l’hôte : l’italien Matteo Salvini, leader de la ligue du Nord, qui veut organiser des expulsions massives de migrants et appelle à incendier les hôtels qui accueillent les réfugiés. Salvini est un xénophobe assumé.
Tous ces leaders sont membres du groupe parlementaire de Marine le Pen à Bruxelles : Europe des nations et des libertés. Il faut préciser que ce meeting ne figure pas à l’agenda officiel de Marine Le Pen et qu’elle y prendra la parole devant 1.300 personnes.
On est loin de l’apaisement, on voit bien le risque de dérapages ou de propos limites à ce genre de tribune.
La dédiabolisation, la France apaisée, c’est l’image publique pour rassurer, draguer les électeurs, c’est la carte postale.
Mais le langage historique, structurant pour les militants, pour le noyau dur de son électorat : c’est le discours anti immigrés, anti européen. C’est l’ADN du Front national et cela reste un axe de développement pour le Front.
Qu’est ce qui lui permet de nouer des alliances et d’avoir un groupe au niveau européen : c’est le thème de l’immigration c’est ce qui la rapproche de Gerd Wilders, de la Ligue du Nord, du FPO.
Parce que sur tout le reste, sur l’économie en particulier, ils n’ont rien en commun les uns sont ultra-libéraux, les autres pour l’état protecteur…
Le meeting de jeudi est d’ailleurs entièrement consacré à la question des migrants. Tous ces partis qui jouent sur les amalgames avec la menace terroriste y trouvent un formidable carburant électoral.
En Autriche le FPO a bondi aux élections municipales, le parti pour la liberté de Wilders est en tête dans tous les sondages. Le Front national ne fait pas exception à la règle, aux élections régionales de décembre, une étude Ipsos a montré que "la menace terroriste", "l'insécurité" et "la délinquance et l'immigration" sont les thèmes qui ont le plus pesé dans le vote des 6,8 millions d'électeurs du Front national.
Axel De Tarlé, expert économie
Selon une étude réalisée en Grande-Bretagne, les jeunes passent plus de temps devant Internet que devant la télévision.
Qu'en est-il en France ?
Ce n'est pas encore le même phénomène en France.
En Grande-Bretagne, l'étude qui portait sur les jeunes de 5 à 16 ans démontre qu'ils passent trois heures par jour sur Internet contre deux heures devant la télévision.
En France, même si ce n'est pas la même tranche d'âge qui a été testée, l'étude démontre que les jeunes passent deux heures devant Internet pour 2 heures 20 devant la télé. Il faut quand même noter que le temps devant la télévision est en baisse.
Que regardent les jeunes sur Internet ?
Ils ne regardent pas la télévision ce qui est une grosse déception pour les chaines de télé. Les jeunes préfèrent regarder des vidéos sur la plateforme YouTube.
La seule solution pour les chaines de télé d'exister encore pour ces jeunes, c'est de produire ces vidéos qu'on regarde sur YouTube.
Les chaines de télé se lance comme TFI qui rachète Newen, un des plus gros producteurs avec des séries comme Plus belle la vie, Braquo, Versailles. Les chaines veulent changer la loi pour pouvoir produire davantage de contenu en interne, de série qui sont aujourd'hui confiées à des maisons de productions indépendantes.
Elles veulent passer d'un monde de diffuseurs à un monde de producteurs.
Le deuxième phénomène très fort c'est la montée du téléphone portable car les jeunes regardent ces vidéos sur leur mobile.
C'est un véritable défi pour les annonceurs car ce n'est pas facile de faire de la publicité sur ces petits écrans. La pub étant encore plus rejetée que sur l’écran d'ordinateur.
C'est donc un double défi média : devenir producteur et réussir à rentabiliser cette transition !
Anne Le Gall, experte innovation
Innovation : une application pour Smartphone qui émerge aux États-Unis et pourrait bouleverser la recherche d'emploi
Elle s'appelle Wonolo comme Work. Now. Locally (Trouvez du travail tout de suite, près de chez vous).
Dans la région de San Francisco 70 entreprises font déjà appel à ce nouveau système de recrutement.
Comment ça marche ?
Imaginons, par exemple John qui cherche un poste de vendeur ou de livreur, avec Wonolo, plus besoin pour lui d'aller faire la tournée des agences d'intérim ou des commerces de sa ville car il repère sur son téléphone, les petits boulots à prendre autour de lui.
Grâce à des offres d'emploi qui sont géolocalisées sur une carte, John connait le marché de l'emploi dans son secteur en temps réel près de son domicile. A l'inverse, un employeur peut aussi voir que John est disponible.
C'est ce qui permet à ce site de proposer facilement des jobs à la journée et même à l'heure.
Pour encore plus d'efficacité dans le recrutement, l'employé est noté par chacun de ses employeurs successifs et plus ses notes sont bonnes sur son profil, plus son salaire augmente.
C'est la flexibilité de l'emploi poussée à l'extrême ?
Rassurant ou pas chacun jugera, mais aux États-Unis, un tiers des travailleurs sont indépendants notamment les serveur, les livreurs, les dépanneurs informatique ou les agents d'accueil.
Ce site pourrait vite bouleverser les habitudes, comme l'a fait Uber pour les taxis.
En France, où le salariat est plus développé c'est diffèrent. Mais si je vous parle de ce nouveau site de recherche d'emploi Wonolo, c'est aussi parce qu'il fait partie des 10 grandes innovations repérées pour 2016 par l'observatoire NetExplo C'est un observatoire international qui a du flair pour repérer les nouveautés qui vont compter dans le futur.
Il y a quelques années, NetExplo avait prédit bien avant tout le monde le succès de Twitter, de Shazam ou encore de Spotify.