Yves Thréard, Claire Fournier, Aude Vernuccio et Guillaume Genton font le point sur l’actualité du jour et vous livrent leurs indiscrétions.
Claire Fournier, experte économie
Alerte sur la croissance britannique. La Grande-Bretagne commence à évaluer l'impact de sa sortie de l'Europe et ce n'est pas rassurant.
Il a fallu six semaines avant qu'on voit les premiers effets tangibles du Brexit mais hier la Banque centrale d'Angleterre a mis les pendules à l'heure. La croissance en 2017 risque de ne pas être de 2.3% comme prévu avant le référendum mais de 0.8% seulement (à peu près deux fois moins que ce qui est prévu en France).
La banque centrale table sur une stagnation de l'économie pendant au moins un an.
Les signes qui ne trompent pas : l'activité dans l'industrie qui chute à son plus bas depuis trois ans et l'activité dans les services (80% de l'économie britannique quand même) qui a chuté aussi après le référendum.
Du coup, la banque d'Angleterre a jugé bon de baisser ses taux pour relancer l'économie, ce qu'elle n'avait pas fait depuis sept ans.
Entre parenthèses, si vous avez l'intention de voyager en Grande-Bretagne, c'est bon pour vous, parce que la livre a immédiatement décroché de 11% depuis la fin juin.
On s'en doutait mais ce sont les banques qui sont les plus touchées.
La City craint par dessus tout de perdre son statut de première place financière européenne même si pour l'instant on a pas vu d'exode massif de capitaux.
En tous cas les banques souffrent. HSBC, la banque qui avait menacé de délocaliser son siège en cas de sortie de l'Europe, a vu son bénéfice chuter de 40% sur le trimestre, en grande partie à cause des incertitudes sur les marchés après le référendum.
Et ce n'est pas fini: les taux d’intérêts bas c'est bien pour relancer les crédits notamment mais ça veut dire également moins de profits pour les banques.
On perçoit aussi un "effet Brexit" sur le marché immobilier. Dans les quartiers chics, comme à Chelsea ou dans le quartier de Knightsbridge, les prix baissent, en un an les prix de vente ont reculé de 7%.
Le Brexit n'est pas le seul responsable, il y a aussi l'inflation folle des prix qui a ralenti la demande, mais il a tout de même accentué la tendance.
Or, des logements qui perdent de leur valeur c'est le risque que les britanniques dépensent moins, et que la Grande-Bretagne entre vraiment en récession.
Ce n'est bon ni pour elle, ni pour ses voisins européens...