Chaque samedi, Bernard Poirette vous fait découvrir ses coups de cœur en matière de polar.
Il s’appelle Juan Leal. C’est son nom de scène, et quelle scène ! La plus dangereuse qui soit, le sable des arènes, face à des toros de 600 kilos, des tueurs d’hommes. Chaque année, d’avril à septembre, ce torero arlésien de 27 ans les affronte, jusqu’à deux fois par semaine, de Dax à Séville en passant par Bayonne, Bilbao ou Madrid. Il voyage avec sa "quadrilla" six hommes : banderilleros, picadores et valet d’épée. Ils ont beau risquer leur vie, ils ne sont pas riches. Pour avaler les kilomètres, un simple van huit places, le coffre plein à ras bord de tout leur attirail de lumière, de protection et de mort.
Au volant, pendant trois saisons, le journaliste Jean Michel Mariou, fou de tauromachie et ami de Juan Leal. Par passion, par plaisir et pour écrire un livre, Mariou a pris le volant. Le résultat, magnifique, s’appelle "le chauffeur de Juan". C’est un extraordinaire voyage dans un monde mystérieux et impénétrable où entre deux rendez vous à très haut risque, ces hommes hors du commun se croisent dans des lieux bien à eux : telle auberge du pays basque intérieur, tel parking pas loin de Cordoue ou encore le mythique hôtel Wellington à Madrid.
Alors bien sûr, vous allez me dire : "je suis contre la corrida, c’est une boucherie absurde et je n’y comprends rien". J’entends bien. Néanmoins, je vous affirme qu’en ne lisant pas "le chauffeur de Juan", vous allez vous priver d’une histoire d’hommes hors du commun. Des hommes comme Juan Leal, qui prend un coup de corne à Bilbao, pisse le sang, refuse de sortir, se fait poser un garrot et achève le toro avant de s’effondrer. Ces hommes-là, avant de les juger, il faut les connaitre. Grace à Mariou, c’est enfin possible. "Le chauffeur de Juan", de Jean Michel Mariou, vient de paraitre chez Verdier.