Le président a probablement vécu la pire semaine de son quinquennat avec le retrait de la réforme constitutionnelle, selon Gérard Carreyrou, éditorialiste d'Europe 1.
François Hollande, comme nous tous, avait subi les attentats de 2015 de Charlie et au Bataclan et comme trous les français il avait été horrifié et meurtrie, mais la semaine passée fut probablement la pire de ses quatre ans sur le plan politique. En le regardant annoncer qu'il renonçait à la réforme de la constitution et qu'il fermait la porte du Congrès de Versailles où il y a quatre mois seulement la représentation nationale, debout, unanime, l'applaudissait, j'avais envie de paraphraser Bossuet à la mort d’Élisabeth d'Angleterre : "la présidence Hollande se meurt, la présidence Hollande est morte", car il est vrai qu'il est le premier responsable de ce renoncement.
La déchéance de nationalité pour les terroristes bi-nationaux qu'il avait proposé et que 75% des français et des parlementaires de route approuvaient s'est retourné contre lui parce qu'il a voulu faire du Hollande. La moitié du Parti Socialiste abasourdi à Versailles s'est réveillé contre et il a commencé à composer, à amender, à modifier. Il avait rêvé d'un coup politique pour piéger la droite et il s'est piégé lui-même. Tout le monde ou presque dans cette malencontreuse affaire a fait de la politique politicienne, mais lui plus que tous les autres.
Une méthode bien connue. C'est toujours la même méthode... Le compromis en, démocratie, c'est bien, il en faut, mais la "compromania" permanente débouche sur l’arroseur arrosé. Il en va également ainsi pour la loi El Khomri qui a mené dans la rue avant même d'être discutée au parlement. Il y a eu dans cette affaire un décalage entre François Hollande et Manuel Valls. Faute d'avoir négocié avec le vrai patron du ministère en France qui est Laurent Berger, le patron de la CFDT, il va dans le mur.
Manuel Valls a voulu passer en force puis devant la mobilisation de la rue François Hollande a retiré la moitié du projet et Manuel Valls s'apprête à négocier ces prochains jours à nouveau avec les étudiants pour essayer de décrocher les lycéens et les jeunes de la CGT et de FO de la rue. L'affaire est donc mal engagée et cette fois le Président a encore le dos au mur car s'il retirait sa loi, deux reculades en quelques jours ce serait la dégringolade assurée.
Un virage social-démocrate raté ? Souvenez-vous en 2012, "mon ennemi c'est la finance", l'impôt à 75%, la moitié de sa majorité parlementaire reste sur cette ligne incarnée en 2012 par Jean-Marc Ayrault, Christiane Taubira et Anraud Montebourg. Problème, cela n'a pas fonctionné. La croissance, le chômage sont en bernes, alors depuis deux ans le Président de la République essaye de faire une autre politique, sociale-démocrate, sociale-libérale, mais sans vraiment l'assumer et le PS n'en veut pas dans ses profondeurs archaïques. Valls a tenté la réforme et il est allé très loin dans les paroles, mais il a reculé, freiné par le Président. Macron a fait la parade, mais les actes n'ont pas suivi car François Hollande ne cesse de ruser et de tourner autour du pot. Rappelez-vous la maxime du cardinal De Retz qui avait dit "on ne sort de l’ambiguïté q'à son détriment", mais François Hollande a démontré le contraire et c'est bien à son détriment.
L'enquête du Cevipof publié par Le Monde, dans les deux cas de figure le Président ne passerait pas la barre du premier tour. C'est la catastrophe. Peut-être qu'un Président normal ne se représenterait pas, mais pas lui, François Hollande n'a pas de doute, il est candidat et il pense vraiment pouvoir être réélu pour au moins quatre raisons : il a toujours eu de la chance, les résultats qu'il espère sur la croissance et le chaumage, les attentats et enfin François Hollande n'a pas un challenger de droite incontesté et incontestable. Il a déjà son thème de campagne, "c’est moi qui vous ai protégé du pire, c'est moi qui ai préservé le système sociale...". Bref, l’opération résurrection est en marche.