Gastronomie, loisirs... Chaque week-end à 6h38, Marion Sauveur et Vanessa Zha vous présentent un produit, un producteur et tous les bons plans pour re(découvrir) une région. Direction aujourd'hui le Tarn-et-Garonne.
Marion Sauveur, vous nous emmenez ce dimanche matin dans le Tarn-et-Garonne.
Pour déguster un fruit dont la saison vient d’être lancée. De couleur dorée, il est croquant, sucré et bien juteux et c’est le premier fruit à avoir obtenu, il y a 50 ans, une appellation d’origine protégée. C’est le chasselas de Moissac. J’aurais pu vous parler de vin puisque le chasselas est un raisin à la fois cultivé comme raisin de cuve et raisin de table. Ce cépage donne des vins minéraux et il pousse notamment dans les Alpes, dans le Val de Loire et en Alsace.
Mais le chasselas de Moissac n’est pas vinifié. On ne parle pas de cépage puisque c’est un fruit mais bien de variété. On le cultive dans le nord du Tarn-et-Garonne et dans le sud du Lot.
Il a toujours poussé dans la région de Moissac ?
Non, mais il semblerait que des vignes de chasselas poussaient dans le Bas-Quercy déjà au Moyen-âge. Et on raconte que ce sont des vignes de la région qui ont servi de bouture pour la célèbre Treille du Roy du château de Fontainebleau, un mur de vignes qui a été créé à la demande de François Ier.
A cette époque, le chasselas à Moissac et dans la région servait principalement pour la consommation familiale. Et on retrouvait les vignes dans les jardins bourgeois principalement comme ornement : en treille ou tonnelle. Et à partir du milieu du XIXe siècle, il s’est mis à être planté pour être vendu avant d’être dévasté par le phylloxéra, puis d’être réintroduit. Dans les années 1930, la ville de Moissac devient "cité uvale" : un Uvarium y est construit. On vient faire des cures pour déguster le chasselas et son jus, un mono-diète de raisin.
Aujourd’hui, plus de cure ?
L’uvarium est fermé et désormais le kiosque abrite un restaurant. Mais plus de cure au menu. Ça vaut le coup d'œil néanmoins pour ses fresques art déco. La fête du chasselas y est d’ailleurs organisée le week-end prochain ! Vous pourrez y déguster du chasselas. On est au tout début de la récolte. Récolte compliquée : 30% de la production est perdue à cause du gel au printemps et elle a pris du retard avec les pluies du début de l’été. Mais le soleil qui est arrivé depuis quelques semaines permet au raisin de se gorger de sucre.
Comment on récolte le chasselas ? c’est la question que j’ai posée à Julien Custody, 3e génération de chasselatier, c’est comme ça que l’on appelle les producteurs de chasselas de Moissac. "
On est sur des sols argilo-calcaires. Faut savoir que le chasselas on le plante sur des côteaux… en général des terres qui sont plutôt pauvres. On cherche à avoir des vignes qui ne sont pas trop vigoureuses. C’est ce qui nous permet d’avoir des vignes bien équilibrées et avoir du bon raisin avec des grappes aérées, qui colorent bien. On passe en plusieurs fois dans les parcelles. On ramasse les grappes les plus colorées. Toutes les opérations, du début à la fin, sont manuelles. C’est à l'œil avec l’expérience car non on ne touche pas le raisin, ou du moins, le moins possible. Donc ensuite pour choisir une grappe de chasselas, il y a quelques critères si la rafle est verte, on a un produit qui est frais. Une rafle c’est ce sur quoi sont fixés les grains. Si elle est vraiment marron et sèche c’est que le raisin était stocké dans de mauvaises conditions. Et ensuite, il y a la couleur : faut qu’il soit bien doré et avoir des grappes qui sont aérées".
Comment on le déguste ?
Si vous aimez le sucré-salé : un délice avec une viande blanche, mijoté dans cocotte par exemple. Vous pouvez aussi le servir aussi en salade, avec du magret de canard séché et avec une sauce bien vinaigrée. Et en dessert, pour rester dans la région vous pouvez réaliser une croustade avec les premières pommes qui arrivent sur les marchés. Vous avez besoin de feuilles filo bien beurrées et vous montez votre gâteau, comme un millefeuille : 2 feuilles filo, vos pommes coupées, une nouvelle feuille avec par-dessus les grains de chasselas, une feuille par-dessus et quelques noix émincées. Vous ramenez ensuite les bouts des feuilles filo vers le centre et de beurrer de nouveau et direction le four à 150 degrés pendant 40 minutes. Il faut que ce soit bien doré.
Alors qu’est-ce qu’il y a voir dans ce coin du Tarn-et-Garonne, sur Moissac ou ses environs Vanessa ?
Et bien pas mal de choses. Moissac est déjà connue, reconnue même, pour être une des perles de l’art roman en France. Et ca grâce à son Abbaye & son cloitre qui sont classés au Patrimoine Mondial de l’Unesco au titre des chemins de Compostelle. C’est une étape incontournable du pèlerinage.
Alors cette Abbaye de Moissac, L’église abbatiale de Saint Pierre plus exactement, on pense qu’elle a été fondée vers le 9eme siècle, qu’elle a été rattachée un peu plus tard à l’abbaye de Cluny, avant de devenir au 12ème le centre monastique le plus éminent du Sud-Ouest de la France. Sur le plan architectural évidemment c’est très impressionnant, prenez le temps d’observer chaque chapiteau, linteau, trumeau si vous êtes des accrocs de l’art roman, c’est époustouflant.
C’est ce qui séduit d’ailleurs Jean Jacques Annaud. Il s’est inspiré du lieu et surtout du Tympan pour son film "Au nom de la Rose". Et le cloitre lui a servi de lieu de tournage pour les dernières scènes d’"Edmond" le film de Michalik. Et pour la petite anecdote : vous serez surpris par ce qu’il y a un vitrail qui dénote, un ovni on peut le dire. Il est signé Marc Chagall. Peu de Moissagais le savent d’ailleurs. Amusez vous à le chercher.
A Moissac don, il n'y a que de l’art roman ?!
Non y a l’art déco des années 30 : une centaine de villas avec des toits terrasses, des balustrades en fer forgé, des bow windows … vous y trouverez tous les éléments de l’art déco et dans 5 quartiers en particulier : Sainte Blanche et Saint Benoit puis celui du Moulin, du Maroc et du Canal.
Un peu d’insolite : un tout nouvel espace culturel sur Castelsarrasin avec notamment l’espace Firmin Bouisset . Alors son nom ne vous dit peut être rien sur le papier, enfin à l’oreille, mais en fait vous le connaissez tous. C’est le père des célèbres affiches de pub des biscuits Lu et du Chocolat Menier. Vous vous souvenez ? Ce petit garçon en béret et en cape, avec un panier au bras, qui mange un petit Lu. Et le dessinateur C’est Firmin qui né à Moissac. On lui a dédié un espace avec ses créations.
Et si on a envie de prendre large, et bien on file sur le Canal de Garonne qui est le petit frère du Canal du midi, même si ce n’est pas Pierre Paul Riquet qui l’a construit…Mais il forme ensemble le Canal des 2 mers. Ce qui fait en tout 360 km de vois navigables. Pour passer Moissac, il faut passer 5 écluses. Donc si vous aviez le pied marin d’eau douce, c’est à faire.