Chaque matin, Michaël Darmon évoque un sujet précis de la vie politique.
Bonjour Michaël, ce soir c'est la première conférence de presse d'Emmanuel Macron, un tournant dans sa manière de communiquer et des annonces très attendues. Est-ce que le président Macron va répéter le discours qui a fuité dans la presse ?
Double obligation pour Emmanuel Macron : innover et d’aller plus loin ! Lors d’un propos liminaire d’une vingtaine de minutes selon ses collaborateurs, le président de la République va tenter d'indiquer une nouvelle direction pour son quinquennat, bousculé par la crise des "gilets jaunes". Ce que je peux vous dire c’est que le président n’a pas l’intention de s’adresser aux "gilets jaunes" mais à l’ensemble des Français. Quand on lit le texte qu’il aurait dû prononcer la semaine dernière, on s’aperçoit qu'Emmanuel Macron utilisait le terme rebâtir.
"Nous devons rebâtir un modèle", avait-il écrit. Lundi soir le discours est annulé devant Notre-Dame en flammes, le chef de l’Etat dit ces mots : "Nous la rebâtirons". Macron est entré dans une ère de reconstruction avec en clé de voûte : l’éducation et la santé. Mère de toutes les solutions selon Macron. Hasard ou pas : Jean-Michel Blanquer a été autorisé à défendre ses réformes dans le Point aujourd’hui, jour de prise de parole du président. Par exemple, l'engagement de ne pas fermer d’école jusqu’en 2022 sera maintenu. Mais attention : maintenir des écoles ouvertes ne veut pas dire qu’il n’y aura plus de fermetures de classes.
Ce soir Emmanuel Macron va ainsi devoir maintenir ses deux objectifs : ni entêtement ni reniement. Au fond, les "gilets jaunes" l’incitent à respecter le diagnostic posé comme candidat : revoir les méthodes et les usages.
Avec quand même un sens des traditions : ça se passera lors d’une conférence de presse élyséenne comme ses prédécesseurs.
Ah ne dites pas à Emmanuel Macron qu’il fait du Hollande, ça peut gâcher sa journée ! Bon c’est vrai il fait comme les autres : il découvre qu’il existe une presse avec laquelle il n’est pas inutile d’être en termes normaux. Dans une démocratie moderne, le questionnement des élus au plus haut niveau est chose normale. Ça avait plutôt mal commencé, il faut dire. Macron n’avait pas supporté l'omniprésence des journalistes politiques selon lui durant le quinquennat précédent. Aussi les jeunes start’upers de Macron ont décidé d’emblée de tenir à distance les journalistes surnommés par eux "les baltringues".
Depuis les relations ont trouvé leur rythme, même si le président Macron ne résiste pas au plaisir de moucher la presse. Emmanuel Macron avait déjà accordé deux entretiens télévisés en une semaine, à TF1 et BFM avec Mediapart. Cette fois, ils seront plusieurs centaines face à lui. Une conférence de presse à l’Élysée à 18 h, une heure carrefour pour les radios et les chaînes d’info. Un horaire innovant pour un exercice classique, c'est la signature du président : rebelle, mais qui reste dans les clous .