Chaque matin, Michaël Darmon évoque un sujet précis de la vie politique.
On revient sur le vote de la loi anti-casseurs et la division qu’elle a provoqué dans la majorité. Elle est plus importante en réalité qu’on veut bien le dire, et le départ de Matthieu Orphelin en est une preuve supplémentaire.
On a beaucoup parlé des 50 abstentions. Ce chiffre a surpris car le patron des députés LREM s’attendait à beaucoup moins. Il tablait sur une vingtaine, minimisé leur effet avant le vote. Mais ce que l’on sait moins, c’est qu’il a manqué ce jour-là 16 députes LREM absents. Ils n’ont pas participé au vote, certains parce qu’ils n’étaient pas d’accord avec le texte. Ce qui fait plus que 50.
Ce qui est frappant c'est que ces députés ne sont pas des frondeurs. Il n’y a aucun rapport avec ces députés de gauche du dernier quinquennat, en rupture idéologique avec le président Hollande dès le début et qui ont largement et sciemment contribué à le faire échouer. Certes les députés contre ce texte anti-casseurs cassent l'ambiance, mais ils le font au nom du projet macroniste auxquels ils adhèrent.
Autre différence notable : ils ne sont pas coordonnés, souvent ils représentent des sensibilités différentes, certains venant de la gauche d’autres étant issus de la droite sociale. D’où l’importance du message sur le principe : selon l’avocat Jean-Pierre Mignard, opposé au texte mais bientôt à la tête du comité d’éthique de LREM il s’agit d’un vote marqueur pour le président Macron.
Cela veut dire aussi que cet épisode enseigne quand même sur le niveau de démocratie interne qui existe au sein de ce groupe.
Oui, c’est l’enseignement principal qu’il faut souligner clairement. Après le profond renouvellement de la parité au sein des députés marcheurs. On est bien face à une nouvelle culture politique : des études ont montré l'homogénéité sociale des députés. Mais dans ce groupe il y a aussi des agriculteurs et presque une dizaine de députées anciennes infirmières.
Depuis le début de la mandature, il a été décidé que les sensibilités existeraient au sein d’un groupe aussi important. Mais la crise couve ! Après le départ de Frédérique DUMAS qui a rejoint l’UDI, le départ de Matthieu Orphelin, proche de Nicolas Hulot, c'est un nouvel avertissement pour le président Macron. Pour eux le macronisme c’était bien, il n’y avait plus qu’à l’appliquer.