Chaque matin, Michaël Darmon évoque un sujet précis de la vie politique.
Parmi la liste des mesures policières pour prévenir de nouvelles violences à Paris, une retient particulièrement l’attention c’est le limogeage du préfet de Police Michel Delpuech. Il sera remplacé par Didier Lallement.
On se dit que c’est classique, que c’est le fusible qui protège le ministre.
De prime abord, c’est à la fois évident et logique. Un préfet est fait pour sauter à la place du politique, c’est le règlement intérieur de la cinquième république.
En ce qui concerne Michel Delpuech, il faut tout de même souligner un fait, pour un fusible, il a eu une sacrée résistance parce qu’il est un serviteur de l’État aguerri et expérimenté.
Il faut savoir que le préfet Delpuech était déjà sur la sellette depuis l’affaire Benalla.
Les relations difficiles entre les policiers de la préfecture de Paris qui surveillent et protègent les déplacements présidentiels et l’ancien garde du corps du président font partie des enjeux de cette affaire .
D’où cette décision prise déjà depuis plusieurs mois à l’Élysée. Le préfet Delpuech ne sera pas prolongé au delà de l’âge légal comme cela peut se faire pour d’autres hauts fonctionnaires. En fait, son départ était déjà scellé depuis des mois.
Avec les Gilets jaunes, le dossier de la préfecture de police de Paris s’est alourdi le 1er décembre.
Les spécialistes du maintien de l’ordre avaient tous relevé que le dispositif trop statique fourni par la préfecture de Paris avait empêché des réactions efficaces.
Pourtant, la consigne du pouvoir était "pas de blessés".
Les violences du 16 mars ont mis en lumière des dysfonctionnements, selon Matignon, et ce alors que les autorités s’attendaient à une journée de violences.
Préfet en sursis, Michel Delpuech s’en va donc sans surprise en fait.
Avec la nomination du préfet Lallement est-ce le point de départ d’une réforme tant de fois annoncée et jamais mise en œuvre de la préfecture de Paris, une sorte d’enclave autonome dans la police ?
C’est un projet souvent évoqué autour du président de la république "en finir avec cet État dans l’État avec ses propres troupes, son propre service de renseignement qui fait du préfet de police de Paris un des fonctionnaires les plus renseigné et puissant de France. On verra si les actes suivent les intentions car réformer la préfecture de Paris est un des serpents de mer de l’État.
Le préfet Lallement sera nommé mercredi au Conseil des ministres. Il sera un préfet sous pression et sans état de grâce. Il devra démontrer tout de suite sa capacité à contenir des éventuelles émeutes. Cette décision est également liée aux conséquences d’interdire des quartiers aux manifestants.
Un nouveau casse-tête est en vue, si les violences perdurent ou si la réponse policière touchent gravement manifestants, le préfet sautera-t-il ?
Didier Lallement a encore une nuit tranquille. Dans deux jours, il sera sur la brèche 24/24 à surveiller Paris de jour comme de nuit.
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