Chaque matin, Michaël Darmon évoque un sujet précis de la vie politique.
Jeudi 4 avril, le président de la République se rendra en Corse pour participer à un grand débat. Dans un contexte tendu, on assiste depuis plusieurs semaines à une reprise de la violence. Que se passe-t-il sur l’île de beauté ?
Il faut savoir que le climat s’est beaucoup tendu entre la coalition nationaliste et l’Élysée depuis février dernier. Emmanuel Macron a voulu être ferme avec les nationalistes, une manière encore de vouloir plaire à la droite.
Mais depuis, tous les dossiers sont bloqués par l’État et rien ne va plus, c’est la crise.
Il a un mois, Gilles Simeoni a refusé de se rendre à un entrevue sollicitée par l’Élysée au motif que son collègue Jean Guy Talamoni n’était pas invité.
Les nationalistes soupçonnent le pouvoir de jouer la zizanie entre les dirigeants corses.
Par ailleurs, une décision préfectorale limite les autorisations pour les restaurants saisonniers et les esprits sont à blanc.
Les acteurs économiques estiment que c’est toute la saison touristique (vitale pour l’île) qui est en danger.
Un contexte explosif attend donc le président de la République qui doit arriver sur l’île jeudi. Depuis quelques jours, la tension est forte avec des plasticages et des engins explosifs à Bastia devant le centre des impôts.
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Dans une lettre publiée ce lundi sur les réseaux sociaux, Gilles Simeoni a prévenu. "Tant que les présidents de groupe à l’Assemblée de Corse ne sont pas invités et que les conditions du débat ne permettent pas le dialogue écrit en substance, ce sera une occasion manquée", écrit Simeoni.
Conclusion de la lettre : Simeoni ne se rendra pas au débat organisé par le président et appelle à une mobilisation pacifique pour une solution politique.
Traduire : "on tend la main au président, on verra s’il la saisit".
Emmanuel Macron a entendu le message, il répond dans Corse Matin ?
Ce lundi encore dans la soirée, les dirigeants corses ignoraient tout des propos du président dans la presse.
Il avait simplement dit "j’irai loin", le chef de l’État a abordé tous les sujets mais rien n’est réglé.
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En Corse plus qu’ailleurs, "L’essentiel est invisible pour les yeux".
Depuis plusieurs semaines, plusieurs messages passent par des canaux officieux vers le président de la République pour l’alerter et proposer des sorties de crises.
Tout l’enjeu est politique. Est-ce que le président veut conforter ou fragiliser le nationaliste Simeoni, considéré comme la clé de voûte de la paix sociale sur l’île ?
Pour compléter le tableau des relations difficiles entre le gouvernement et les responsables politiques corses, il faut aussi prendre en compte le poids de l’histoire entre les juppéistes et les nationalistes corse qui ont plastiqué la mairie de Bordeaux en 1995, quand Alain Juppé était à Matignon.
Aujourd’hui c’est Édouard Philippe, en quelque sorte héritier de Juppé, qui se retrouve en face des nationalistes qui sont à la tête de l’Assemblée de Corse.
Et des deux côtés, on a de la mémoire.
Ce lundi, les deux dirigeants corses ont été reçus par Jacqueline Gourault et par Jean Michel Blanquer.
Tout est fait pour éviter qu’à l’occasion du Grand débat en Corse, lié aux Gilets jaunes, Emmanuel Macron ne soit pas confronté à une nouvelle vague de nuits bleues.