Alors que François Fillon est déjà taxé de traditionaliste et de réactionnaire par la gauche, c'est désormais Alain Juppé qui conduit un véritable procès en sorcellerie contre son adversaire.
Pour Yves Thréard, Fillon est désormais la cible d’un procès en sorcellerie.
A-t-on encore le droit en France d’être catholique sans être taxé de traditionaliste et de réactionnaire ? Non, semble-t-il, quand bien même on ne fait ni prosélytisme ni surenchère.
C’est ce qui arrive très exactement à François Fillon, cible d’un procès en sorcellerie qui dépasse l’entendement.
Que ce procès soit instruit par la gauche n’est guère étonnant : elle a toujours aimé bouffer du curé et dénigrer la religion majoritaire de notre pays ; elle a longtemps été bien plus complaisante, par clientélisme électorale, avec les dérives de l’islam par exemple.
Mais que ce procès soit conduit par Alain Juppé et ses amis est plus que surprenant, c’est affligeant, indécent.
Vous contestez ses accusations ?
Elles sont fausses, de mauvaise foi, si je puis dire.
Oui Fillon est catholique, comme Juppé. Et à ce titre, en conscience, Fillon a le droit d’avoir des convictions, ça le regarde.
Mais, publiquement, que dit Fillon ? Il n’a jamais eu l’intention de revenir sur le droit à l’avortement, ni sur le mariage gay. Jamais. Comme Juppé, il est opposé à la GPA et la PMA pour les couples homosexuels. Il veut, en revanche, interdire l’adoption plénière d’enfants à ces mêmes couples. Cela se discute et beaucoup de gens de gauche pensent comme lui.
Juppé lui reproche aussi d’avoir reçu le soutien de Sens commun, lobby traditionaliste. Cela n’en fait pas un réactionnaire pour autant. Car Juppé a également rencontré cette association.
Et puis, faut-il rappeler que Fillon n’a participé à aucun défilé de la Manif pour tous, contrairement à Hervé Mariton, Valérie Pécresse et Jean-Pierre Raffarin, trois des principaux soutiens de Juppé qui, eux, ont battu le pavé à l’époque…
Sale ambiance en cette fin de campagne pour la primaire de la droite ?
Fillon ne mérite pas cela et Juppé vaut mieux que cela. Juppé n’est plus droit dans ses bottes, il dérape. Entre anciens premiers ministres concurrents, la joute est normale, pas les coups bas, pas la calomnie.