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SAISON 2016 - 2017

Chaque matin, Yves Thréard nous livre son analyse politique à quelques semaines de l'élection présidentielle.

La droite creuse sa tombe.

Quelle chienlit ! Une chienne n’y retrouverait pas ses petits chez les Républicains.
On le croyait adepte du ni-ni et voilà que Sarkozy appelle à voter Macron, comme Fillon et Juppé. Pendant ce temps-là, la direction du parti demande à faire barrage à Le Pen, sans prononcer le nom de Macron. Wauquiez semble prôner l’abstention, d’autres comme Christine Boutin vont voter Le Pen, et d’autres encore comme Le Maire se disent prêts à gouverner avec Macron.
Le feu couvait depuis longtemps, mais il a fallu que Macron et Le Pen dynamitent le paysage politique pour que Les Républicains se fracassent, se dispersent façon puzzle.
La perte de cette présidentielle, qu’on lui promettait imperdable, a révélé les fractures d’une formation factice réunissant gaullistes, centristes et libéraux. Et dire qu’elle avait été créée en 2002 sous l’acronyme UMP pour précisément s’assurer à tous coups une place en finale de l’élection suprême. Le rêve est devenu cauchemar.

Quinze ans plus tard donc, la bulle éclate.

Les Républicains ne sont pas plus rien, mais pas grand-chose.
Comme le PS, c’est un parti démodé qui continue à cultiver le clivage gauche-droite quand la réalité électorale du pays montre un autre clivage, qui lui oppose deux France : celle d’en bas, qui souffre et veut être protégée ; et celle d’en haut, qui s’en sort et veut plus de liberté.
Au second tour, l’électorat populaire de droite risque donc de voter Le Pen sans sourciller et celui des prétendues élites de voter Macron. Le parti Les Républicains va donc être réduit à l’état de supplétif, soit du FN soit d’En Marche !
La faute à ses responsables qui, non seulement, n’arrêtent pas de se faire la guerre depuis 5 ans, mais sont incapables de s’entendre sur une ligne politique claire que la primaire n’a pas réussi à préciser. Le programme très libéral en économie et très conservateur sur les questions de société de Fillon n’a jamais plu aux Juppé, Sarkozy, Bertrand, NKM et autres, qui voulaient plus de social et plus de modernité.

Pour Les Républicains, l’heure de vérité sonnera-t-elle avec les législatives ?

Certains, comme Baroin, appellent à la revanche et croient possible de remporter une majorité de sièges pour une cohabitation. Difficile à imaginer, car la dynamique ne sera pas avec eux. Et puis comment faire comprendre aux électeurs qu’on les appelle à voter Macron à la présidentielle pour ensuite leur dire tout le mal qu’on pense de lui ? Cela relève de la psychanalyse.