Marine Le Pen peut prendre sur les électorats de tous ses concurrents: aussi bien les révoltés de la droite, que les déçus de la gauche.
Marine Le Pen peut-elle rassembler plus large encore ?
C’est la question majeure que tout le monde se pose. La question qui conditionne sa victoire à la présidentielle. Sa qualification à l’issue du premier tour semble acquise dans les sondages. Mais, après, comment briser le fameux plafond de verre qui l’empêcherait de gagner le second ? Déjà, en quinze ans, on voit les progrès spectaculaires du FN. La violence de la crise économique et identitaire traversée par notre pays est passée par là. Face à Chirac en 2002, Jean-Marie Le Pen avait fait moins de 18%. Cette année, sa fille Marine est créditée de 40 % face à Macron dans les sondages, et de 45 % face à Fillon. Marine Le Pen est très forte chez les jeunes et dans l’électorat populaire, elle progresse dans la petite fonction publique et chez les agriculteurs. En revanche, elle n’a pas le vote des retraités, auxquels elle fait peur, notamment par sa volonté de sortir de l’euro.
Que peut-elle faire pour briser ce fameux plafond de verre ?
Marine Le Pen peut prendre sur les électorats de tous ses concurrents. Et ainsi attirés vers elle aussi bien les révoltés de la droite, dégoûtés par l’affaire Fillon, que les déçus de la gauche, qui a abandonné le peuple. A ce titre, Mélenchon n’est pas une menace pour elle, car il prend surtout à Hamon. Il y a aussi les potentiels abstentionnistes, qui sont souvent jeunes : par des messages chocs, comme elle l’a fait hier à Bordeaux, contre le productivisme et pour la défense des valeurs, elle estime qu’il y a là un vivier à courtiser. Ce discours peut porter face à Macron, qu’elle transforme en diable de la mondialisation. Il peut aussi porter face à Fillon. C’est pourquoi elle tente de rallier à elle des élus Républicains, comme Henri Guaino, et quelques figures emblématiques du patriotisme français, comme Philippe de Villiers.
Donc elle peut encore gagner la présidentielle ?
Ses chances sont très minces. Pour gagner, elle doit surmonter, selon moi, un obstacle : la sortie de l’Europe et de l’euro. Quoi qu’on dise, cette perspective effraient beaucoup les Français, notamment les retraités, ceux qui votent le plus.