Le recours au référendum illustre la démission des acteurs politiques qui n’osent plus assumer leurs responsabilités, qui se défilent.
Le regard d'Yves Thréard. Bonjour Yves. Les candidats possédés par la folie du référendum
Qu’ils soient de gauche ou de droite, grand ou petit, tous les candidats ont une frénésie de référendum : la fausse bonne idée par excellence pour faire croire que le peuple a toujours raison.
Référendum sur l’Europe et pour l’inscription de la priorité nationale dans la Constitution pour Le Pen ; référendum révocatoire, comme au Venezuela, pour chasser les élus incompétents, y compris le chef de l’Etat, pour Mélenchon ; référendum sur le droit de vote des étrangers et pour la création d’un 49-3 citoyen bloquant la promulgation d’une loi pour Hamon ; 5 référendums, pour notamment instituer des quotas d’immigration et mettre fin aux régimes spéciaux de retraite, pour Fillon ; référendum pour réduire le nombre de parlementaires pour Macron. N’en jetez plus.
Les petits candidats, comme Lassalle, Asselineau ou Dupont Aignan, ont aussi leur tarte à la crème, avec le référendum d’initiative populaire.
Pourquoi l’arme du référendum n’est-elle pas une bonne idée ?
D’expérience, on sait qu’en France, l’exercice du référendum déchaîne les passions. Son côté binaire - répondre oui ou non - fracture la société et la divise inutilement. La politique n’est pas un match de boxe, mais bien plus l’art du bon compromis.
Ensuite, le recours au référendum illustre, selon moi, la démission des acteurs politiques qui n’osent plus assumer leurs responsabilités, qui se défilent. Or les élus du peuple sont là pour ça, pour trouver le point d’équilibre favorable à l’intérêt général, en fonction d’arguments rationnels et non passionnels.
Enfin, on sait aussi que, très souvent, les Français ne répondent pas à la question qui leur est posée, mais veulent régler leurs comptes à ceux qui la posent.
Le référendum, c’est la dictature de l’opinion et non l’expression de la raison, c’est la manifestation du simplisme. Et puis dans quel état d’excitation serait notre pays s’il y avait des référendums tous les quatre matins ? Ce serait infernal.
En plus, le résultat n’est pas toujours appliqué ou respecté
Oui. On le voit avec le référendum local sur la construction de l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes. Le oui a gagné, mais les "nonistes" continuent à mener la fronde.
Le référendum épouse la mode du populisme, mais le peuple n’a pas toujours raison, surtout quand il est manipulé par des démagogues.