Ce lundi, Virginie Phulpin revient sur l'élimination des Bleus lors du mondial de rugby. Pour elle, il n'y a pas plus français que cette élimination.
C’est l’édito sport de Virginie Phulpin. La coupe du monde de rugby est terminée pour la France. Les Bleus battus sur le fil par le Pays de Galles 20 à 19 hier en quart de finale. Pour vous, il n’y a pas plus français que cette élimination.
So french. Il y a le coq, la baguette, et ce genre de défaite dans nos gênes. C’est comme ça. Le XV de France a joué hier son plus beau match de la coupe du monde. Enfin, on a vu une équipe et du jeu. Si on nous avait dit ça au départ, que les Bleus seraient si proches du dernier carré de la coupe du monde, on aurait signé tout de suite, vu le marasme d’où on partait. Mais non, forcément, après ce quart de finale, on arrive quand même à repartir avec des remords et des regrets.
Parce qu’on ne sait pas faire les choses autrement. Cette équipe nous a offert une première mi-temps splendide, elle a pilonné la défense galloise. J’ai presque dû me pincer pour y croire à 12-0. Comment ces Bleus approximatifs depuis des années réussissaient à faire passer les Gallois, une des trois meilleures équipes du monde, pour de gentils faire-valoir ? 19-10 à la mi-temps, le XV de France aurait même dû mener plus largement. Mais il doit être écrit quelque part qu’on doit souffrir en regardant cette équipe, qu’on ne peut jamais être sûr de rien.
Le tournant du match, c’est ce coup de coude de Sébastien Vahaamahina
Ça aussi, c’est bien français. Vahaamahina nous a fait une Zidane 2006. Et encore, personne n’avait insulté sa famille. Le joueur faisait un match de haut niveau, et en une fraction de seconde, il fait tout tomber. Un coup de coude dans la tête d’un adversaire, sérieusement ? Il faut apprendre à gérer la pression. Résultat, carton rouge. Sa Coupe du monde est finie, mais celle de la France aussi. Oui, ça nous rappelle des souvenirs. Ce bonheur qui s’envole d’un coup, de tête, de coude, de folie.
Mais encore une fois, les Bleus ont réagi en Français. Ils ont retrouvé le sens du mot solidarité, et ils se sont battus jusqu’au bout. On fait toujours cohabiter le pire et le meilleur.
Ça ne pourrait pas être une défaite totalement française si l’essai du Pays de Galles en fin de match n’était pas si contestable. Est-ce qu’il y avait en avant gallois ou pas ? L’arbitre dit que non, tout Français un peu chauvin dit que oui et que c’est un scandale de l’accorder. Oui, on a fait le tour de tout ce qui fait la particularité des Bleus, dans ce quart de finale. Une défaite, oui, mais une équipe qui a peut-être trouvé une âme. Dans quatre ans, la Coupe du monde aura lieu en France. Il faudra peut-être se montrer un peu moins french. On n'est plus à un paradoxe près.