Chaque jour, la matinale d'Europe 1 revient sur l'un des événements sportifs qui fait l'actualité. Vendredi, Virginie Phulpin s'intéresse au football féminin français, qui malgré le succès public de la dernière coupe du monde, n'arrive pas à s'imposer comme une locomotive de la discipline au niveau international.
C’est la rentrée pour l’équipe de France féminine de football. Jeudi après-midi, les Bleues jouent en Grèce leur premier match de qualification pour la prochaine coupe du monde. Selon notre éditorialiste Virginie Phulpin, la France a tout pour jouer les premiers rôles dans le foot au féminin, mais il y a pourtant comme un blocage.
Le succès de la coupe du monde 2019 en France aurait pu, aurait dû, être le début d’une nouvelle ère. On voyait déjà le foot au féminin en haut de l’affiche. Mais en fait, on n’avance pas, ou en tout cas pas assez. On dirait que la France regarde les autres nations évoluer et qu’elle a oublié de monter dans le train. Ailleurs, on voit l’égalité gagner du terrain. Mercredi, la fédération américaine a entériné le fait que les primes des joueuses et des joueurs de Team USA seraient dorénavant les mêmes. Alors, elle a beau jeu de dire aujourd’hui que c’est la solution pour l’avenir du sport aux Etats-Unis. C’est surtout parce que les footballeuses ont engagé de longues poursuites judiciaires pour obtenir gain de cause. Mais elles ont fini par gagner. Un autre exemple : en Irlande, fin août, la fédération a aussi décidé de l’égalité des primes. Là, les hommes ont accepté de baisser leurs propres primes pour augmenter celles des joueuses.
Et en France ? Vous prenez les primes des joueurs, vous les divisez par 10 et vous obtenez en gros celles des joueuses. Et le pire, c’est que ça ne choque pratiquement personne. On entend toujours la même rengaine : "Oui mais ça n’est pas la même audience", "oui mais ça n’est pas le même niveau". On continue à prendre les choses à l’envers. Sans volontarisme, on n’y arrivera pas, on ne fera pas évoluer suffisamment le football au féminin. Tout part de là. De nombreux pays l’ont compris. Mais la France pas encore.
L'étrange fonctionnement de l'équipe de France
Le fonctionnement actuel de l'équipe de France n'aide pas non plus. Entre le mutisme de la sélectionneuse Corinne Diacre et ses brouilles permanentes avec plusieurs joueuses, avouez que ça ne donne pas envie. Il y a mieux pour l’image. Résultat, cet après-midi, les Bleues vont jouer sans leur capitaine Amandine Henry et sans leur meilleure buteuse Eugénie Le Sommer, qui n’ont pas été sélectionnées. Et les fâcheries bleues durent depuis longtemps. Le président de la fédération française de football ne voit pas où est le problème. Noël Le Graët dit qu’il préfère que les Bleues gagnent, même si elles "font la tronche". Allez encourager les petites filles à jouer au football avec tout ça. "Regarde, c’est génial le foot, tu vas t’éclater ! Les joueuses ont l’air épanouies !" Ah non… Pardon, je me suis trompée. Mais qui sait, ça peut changer. Mercredi, Corinne Diacre a remis le brassard de capitaine à Wendie Renard, une des joueuses emblématiques de cette équipe, à qui elle avait retiré ce brassard en arrivant à son poste. Comme quoi on peut changer. Qui sait, c’est peut-être le début d’une nouvelle ère cette fois ?