Chaque jour, la matinale d'Europe 1 revient sur l'un des événements sportifs qui fait l'actualité. Ce mardi, Virginie Phulpin revient sur la rencontre de ce mardi entre la Ligue de football professionnel et des membres du gouvernement. Et elle trouve cela très gênant...
Les représentants des clubs de foot professionnels rencontrent ce mardi matin plusieurs membres du gouvernement. La Ligue réclame un plan de soutien d’urgence à l’Etat. Virginie Phulpin, vous considérez que les clubs professionnels flirtent avec l’indécence...
"On dirait que la Ligue et les clubs veulent faire payer à l’ensemble des contribuables français le prix de leur inconséquence. Donc oui, je trouve ça assez gênant. Qu’il y ait une réunion avec le gouvernement pour parler des difficultés financières des clubs et chercher des solutions, tant mieux, évidemment. C’est ensemble qu’on peut trouver une sortie de crise. Mais là, on dirait une injonction à agir. En gros, on a besoin d’aide, on en a besoin maintenant et si vous refusez de nous aider de manière conséquente, vous aurez la mort du football français sur la conscience.
Est-ce qu’on pourrait juste avoir un peu de décence ? La Ligue n’a eu besoin de personne pour se retrouver dans la panade. Elle y arrive très bien toute seule. D’accord, il y a la crise sanitaire qui pèse lourdement sur les finances des clubs, entre la saison arrêtée l’an dernier et le huis clos dans les stades depuis et il faut trouver des parades. Mais personne n’a mis le couteau sous la gorge des membres de la LFP pour les forcer à céder aux sirènes de Mediapro. L’Etat n’y est pour rien. Les contribuables français non plus. Et le principal trou dans les finances des clubs vient de là, de la gestion calamiteuse des droits télé. C’est un peu facile aujourd’hui d’accuser la crise sanitaire de tous les maux et de demander des compensations à tout va.
En plus, l’Etat a déjà beaucoup aidé le football professionnel...
Oui, on ne peut pas vraiment dire que les clubs pros ont été abandonnés à leur triste sort. Ils ont bénéficié du chômage partiel, des prêts garantis par l’Etat, une compensation des pertes de billetterie arrive et il y a aussi des exonérations de charges sociales. Je ne dis pas que ça suffit, ni que c’est simple à gérer pour les clubs, certainement pas. Mais on peut quand même reconnaître que l’Etat a déjà fait de nombreux efforts. Donc tancer le gouvernement en réclamant de manière peu amène un plan d’urgence, c’est très malvenu.
La ministre des sports, Roxana Maracineanu, veut parler aussi lors de cette réunion de la gouvernance du foot professionnel et de la réduction des coûts dans les clubs. Cela me semble nécessaire. Il faut des réformes, il faut réfléchir à l’avenir, il faut apprendre de ses erreurs. Pas juste faire la manche auprès de l’Etat et continuer comme avant, comme s’il ne s’était rien passé, comme si on ne voulait tirer aucune leçon. Et puis n’oublions pas non plus que c’est le foot français tout entier qui est en danger. Pas juste le football professionnel. Les clubs amateurs ont bien du mal ne serait-ce qu’à jouer au football aujourd’hui. Ils ont perdu de nombreux licenciés. Alors que les pros fassent cavaliers seuls et ne voient pas plus loin que le bout de leurs intérêts, oui, c’est un peu gênant."