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SAISON 2019 - 2020

Ce mardi, Virginie Phulpin revient sur le coup de gueule d'Alexis Pinturault sur le géant parallèle de Chamonix. Une course dangereuse qui s'apparente plus à une loterie qu'autre chose. 

C’est l’édito sport de Virginie Phulpin. Le skieur français Alexis Pinturault a poussé un coup de gueule dimanche soir à Chamonix. En cause, une épreuve imposée par la fédération internationale pour rajeunir son image : le géant parallèle. Vous partagez sa colère. Pour vous, à force de vouloir faire plus de spectacle, on fait surtout moins de sport, et on se moque des skieurs. 

C’est devenu une obsession : aller plus vite, être plus spectaculaire, inventer des nouvelles formules pour faire plus jeune. Et tant pis pour le sport en lui-même, tant pis pour les sportifs et tant pis pour l’équité. Ça n’est pas ça qui fait grimper l’audience. Alexis Pinturault est un des meilleurs skieurs du monde et dimanche, il a fini 13ème à Chamonix. Et ce géant parallèle l’a mis hors de lui. Pas parce qu’il est mauvais joueur, mais il a eu l’impression de perdre à la loterie. Et franchement je le comprends. 

Qu’est-ce que c’est que ce géant parallèle ? Deux skieurs s’affrontent sur deux tracés parallèles, donc. Et le premier arrivé en bas a gagné. Pour les premiers tours, il y a deux manches, donc chaque skieur descend sur les deux tracés. Jusque-là tout va bien. Mais à partir des huitièmes de finale, il faut gagner du temps, le public veut que ça aille vite, donc il n’y a qu’une manche, et on tire au sort le tracé sur lequel vous allez skier. Le problème, c’est que ça reste une montagne, donc deux pistes parfaitement identiques côte à côte, ça n’existe pas. D’ailleurs à Chamonix, les meilleurs chronos ont tous été réalisés sur le même tracé.

Donc j’ai tendance à penser qu’il était plus rapide. Et on s’est retrouvé sur le podium avec trois skieurs qui se demandaient presque ce qu’ils faisaient là. Ce ne sont pas les meilleurs qui gagnent, et alors ? Il faut croire que la loterie, ça fait plus jeune. En tout cas dans la tête des dirigeants de la fédération internationale de ski. 

A part Alexis Pinturault, ils en pensent quoi, les skieurs ? 

La très grande majorité rejette totalement ce géant parallèle. Le problème, c’est toujours le même dans tous les sports où on impose par le haut des nouvelles formules contestables : on ne demande jamais l’avis des principaux intéressés. Là, en plus de la loterie des tracés, on réussit quand même à désigner un champion du monde au bout de deux courses seulement. Sacré champion du monde… Et puis les skieurs ont l’impression de participer à des jeux du cirque.

Il faut s’adapter à l’époque, ça doit aller très vite. Une course de géant parallèle, ça ne dure que 20 secondes. Donc il n’y a pas de tactique, peu de technique, on fonce, c’est tout. Et c’est dangereux. Alexis Pinturault a failli perdre une cuisse lors de la première course en décembre. Mais bon, 20 secondes avec deux skieurs en parallèle, c’est parfait pour une story Instagram. Il n’y a pas que la course qui est courte, visiblement il y a aussi les idées.