Confinement oblige, Virginie Phulpin délaisse le sport dans son édito pour s'intéresser à la vie des Français durant cette épidémie de coronavirus. Ce lundi, elle revient sur le sondage Kantar-Europe1 qui décrypte les nouvelles passions des Français en temps de confinement. Ce week-end, sur les réseaux sociaux, vous avez senti comme un relâchement dans le confinement. Et pour vous, notre sport préféré, en France, c’est de dire "c’est pas moi, c’est les autres".
La vidéo qui a généré le plus de commentaires ce week-end sur les réseaux en France, il faut dire qu’elle a été vue environ 5 millions de fois, c’est ce bal improvisé samedi après-midi dans le 18ème arrondissement de Paris… Laissez-moi danser ! Comme un cri du coeur, un nouvel hymne de rébellion… La musique vient d’un balcon, et une trentaine de personnes sont réunies sur un trottoir juste devant un square, et elles dansent. Tranquillement, joyeusement. Au départ je me suis dit « mais ça n’est pas possible, ce sont des archives d’un bal du 14 juillet ». Mais non, c’était bien samedi. Alors le déconfinement aurait déjà eu lieu, et moi, personne ne m’a rien dit ? Ah non, c’est juste qu’il y a des gens qui s’autorisent tout seuls au déconfinement. Alors forcément, dès que la vidéo a été postée, c’est parti dans tous les sens. « Je suppose que ces gens-là se mettent à leur fenêtre à 20h pour applaudir le personnel soignant, quelle honte ». « Moi je suis sorti de chez moi deux fois depuis 6 semaines, ça me rend dingue de voir ces irresponsables ». Je comprends l’agacement, et même la colère. Et il y a un commentaire qui m’a marquée. « Eux, c’est sûr, ils se moquent des ploucs américains qui réclament l’ouverture de leurs salons de coiffure, mais danser, ça, on peut ». En fait, on adore pointer du doigt les manquements des autres, mais beaucoup moins les nôtres.
C’est le fameux "c’est pas moi, c’est les autres"
Le pire c’est que c’est sincère. On est tous persuadés de tout faire bien. Kantar Profiles a demandé à son panel de sondés de quelle manière ils respectaient le confinement au bout de 6 semaines. Et la réponse est sans appel. 69 % des personnes interrogées disent respecter scrupuleusement les règles. Et au pire on avoue un ou deux manquements, mais rien de grave. « Je sors tous les jours acheter ma baguette de pain, et alors, je fais attention aux gestes barrières. » Ca me rappelle un peu notre comportement au volant. Il n’y a que les autres qui ne savent pas conduire. Nous, même quand on commet une infraction, on maîtrise. Je nous met tous dans le même bateau, si vous permettez. Je crois que c’est très humain, et peut-être aussi très Français, cette façon de penser…