Chaque jour, la matinale d'Europe 1 revient sur l'un des événements sportifs qui fait l'actualité. Ce vendredi, Virginie Phulpin revient sur les propos du maire de Lyon concernant le Tour de France. Selon elle, il a raison, oui les grands événements sportifs doivent changer mais pas avec ces mots caricaturaux.
Il va y avoir une bonne ambiance ce week-end sur le Tour de France qui passe à Lyon. Le maire, Grégory Doucet, a parlé d’un Tour "machiste et polluant" dans une interview au Progrès. Pour Virginie Phulpin, la place des femmes et la question environnementale méritent mieux que ce genre de raccourci caricatural.
Ça fait 24 heures que le Tour de France occupe les discussions devant les machines à café. Partout, on commente la petite phrase du maire de Lyon. "Le Tour machiste et polluant". D’un côté il y aurait les bons vélos, ceux qu’on utilise pour nos déplacements quotidiens, et de l’autre les mauvais vélos, ceux du Tour avec leur caravane chargée d’hydrocarbures et de goodies en plastique made in China. Difficile de faire plus simpliste.
C’est vrai, l’interview est un peu plus étoffée que ça, mais en prononçant cette phrase, Grégory Doucet sait très bien que c’est ce qu’on va retenir. Et en plaçant le débat à ce niveau, on récolte ce que l’on sème. Une discussion stérile où chacun vient apporter de l’eau plus ou moins propre à son moulin. Les défenseurs de l’environnement contre les amoureux du Tour de France. Pas de place pour les nuances, on ne voit que des roues en noir ou en blanc.
À ce petit jeu, on fait du sur-place, on n’est pas près de grimper le Grand Colombier en danseuse. Ces prises de position binaires, elles restent en travers de la gorge de Virginie Phulpin. Est-ce que cette sortie médiatique nous a permis de parler sérieusement de la défense de l’environnement dans les événements sportifs ? Non. Est-ce qu’on a vraiment abordé la question de la place des femmes, notamment dans les tours cyclistes ? Non. Ce genre d’attaque n’apporte rien.
Pourtant, il y a beaucoup d’avancées à faire.
C’est le moins que l’on puisse dire. Sur la pollution d’abord. Pour l’instant, ça ressemble plus à du greenwashing qu’à un véritable changement de cap. Certes, les voitures de l’organisation du Tour sont maintenant hybrides, les emballages à usage unique ont été supprimés. Mais il faut aller plus loin. Peut-être obliger les équipes et non plus les inciter à n’avoir que des véhicules propres, ou réduire significativement leur nombre. C’est le cas cette année, par la force des choses. Ça peut donner des idées pour le futur.
Sur le machisme ensuite. Le Tour de France féminin devrait faire son retour en 2022. Virginie Phulpin espère que le patron du Tour va nous le confirmer. C’est par le volontarisme qu’on accordera une vraie place aux femmes sur le Tour. Parce qu’au départ, ça risque d’être à fonds perdus. Les organisateurs et les sponsors doivent jouer le jeu.
Le monde du sport ne fera pas l’économie d’une réflexion approfondie et d’actes concrets sur l’environnement et la place des femmes. Mais ces sujets sont trop sérieux pour être évacués au détour d’une petite phrase.