Chaque jour, la matinale d'Europe 1 revient sur l'un des événements sportifs qui fait l'actualité. Ce mercredi, Virginie Phulpin revient la situation extrêmement compliquée de Mediapro, le principal diffuseur de football français. Selon elle, le pari est déjà perdu et il faut penser à la suite pour sauver le football français.
Le foot français a peur. Mediapro, le principal diffuseur, a demandé le report d’un versement de 172 millions d’euros à la Ligue la semaine dernière. Depuis, la menace d’une faillite générale plane. Pour Virginie Phulpin, le pari est déjà perdu. Il faut penser à la suite plutôt que de se rejeter la responsabilité du fiasco.
Regardons les choses en face, froidement. Qui va s’abonner à la chaîne Téléfoot en ce moment ? Personne. C’est quand même compliqué de décider de débourser 25 euros par mois pour une chaîne qui pourrait disparaître à court ou moyen terme. Parce que c’est de ça dont on parle.
Depuis une semaine, on sait que Mediapro ne peut pas payer sa deuxième traite. Le groupe a réclamé un délai et demande même à négocier le prix à la baisse avec la Ligue. La menace de la faillite est donc bien là. Et si personne ne s’abonne, c’est fini. Mediapro a besoin de 3,5 millions d’abonnés en gros pour que son modèle soit rentable. Là, il n’y en a que 500.000 au mieux et ça ne va pas s’arranger.
On peut retourner le problème dans tous les sens, le pari est déjà perdu. C’est trop tard. Quand la confiance est entamée à ce point entre une chaîne et son public potentiel, on va dans le mur. Virginie Phulpin ne parle absolument pas de la qualité de la chaîne et des gens qui y travaillent. Ce sont les premiers à vivre une sale période. Mais si Mediapro va dans le mur, le foot français va suivre. Puisque toute l’économie du football s’est construite autour de ces droits télé que l’on a vu exploser avec ce nouvel arrivant. S’ils ne sont pas versés à la Ligue, donc aux clubs, tout s’écroule.
La Ligue aurait dû être plus prudente au moment de l’attribution des droits télé.
Le problème c’est qu’en ce moment tout le monde dit "ah ben c’était sûr que ça ne pouvait marcher". En gros, tout le monde savait que Mediapro sentait le soufre et qu’on allait au-devant de grandes déconvenues, mais personne n’a rien dit. Il y a quand même des voix qui se sont élevées en 2018 pour appeler à la prudence, que ce soit dans le monde du foot ou en politique. Mais à la Ligue, on s’est laissé aveugler par le contrat faramineux avec Mediapro. Vous pensez, plus de 800 millions d’euros par an sur quatre ans pour nos Ligue 1 et Ligue 2, c’était tellement énorme qu’on n’allait quand même pas demander des garanties.
Alors aujourd’hui chacun rejette la faute sur l’autre, puisque la gouvernance de la Ligue a changé. C’est un peu facile. Et surtout ça ne sert à rien, on n’en est plus là. Maintenant, il faut chercher des solutions, prospecter auprès d’autres diffuseurs potentiels, aller voir les historiques. Parce que sans abonnés supplémentaires pour "Téléfoot", c’est le foot français qui risque d’être aux abonnés absents. Des clubs de Ligue 1 au football amateur.