Chaque jour, la matinale d'Europe 1 revient sur l'un des événements sportifs qui fait l'actualité. Ce lundi, Virginie Phulpin revient sur le retour de Mike Tyson qui a ravi les plus jeunes qui ne l'avaient jamais vu combattre et les plus âgés qui ont découvert comment conjuguer le passé au présent.
Mike Tyson est remonté sur un ring ce dimanche matin. À 54 ans, après 15 ans sans boxer. Il a fait un match nul contre Roy Jones Jr, un autre retraité. Et ce combat exhibition a passionné les foules dans le monde entier. Pour Virginie Phulpin, c’est symptomatique de notre refus de voir le passé s’effacer.
Qu’est-ce que recherche Mike Tyson en revenant comme ça ? Et qu’est-ce qu’on recherche, nous, en regardant son combat un dimanche matin à six heures ? Si on analyse les choses froidement, c’était quand même une simple exhibition, pas un championnat du monde. Une exhibition entre deux retraités qui ont dépassé la cinquantaine. Et le tout dans un Staples Center de Los Angeles complètement vide pour cause de Covid. Oui, mais que vaut une analyse froide quand il s’agit de Mike Tyson ? Rien. Peu importe le contexte, on veut le voir combattre. Parce qu’on refuse que nos idoles d’antan puissent s’éteindre. On en redemande toujours plus.
Le fait que ce combat ait eu lieu quatre jours seulement après la mort de Diego Maradona lui donne encore une autre dimension. On vient de voir disparaître une icône planétaire, alors on s’accroche aux autres, désespérément. Comme si Mike Tyson nous permettait de prendre conscience en temps réel de la chance qu’on a de le voir boxer. Les plus jeunes ont l’opportunité de le découvrir en direct, et ils pourront le dire à leurs petits-enfants le moment venu. Et les moins jeunes goûtent le plaisir de replonger 30 ou 35 ans plus tôt, comme si on avait enfin découvert comment conjuguer le passé au présent.
Ce combat avait un peu le goût d’une rediffusion dont on ne connaissait pas la fin. Comme si on regardait France Allemagne 82, mais que les Bleus avaient une chance de sortir vainqueurs.
C’était loin d’être ridicule comme combat, en plus.
Ah c’était un vrai combat de boxe, oui. Il y avait forcément des craintes que ça ne ressemble pas à grand-chose. On pouvait d’ailleurs être un peu mal à l’aise au départ. La peur d’assister à une parodie de combat, la crainte de voir la légende s’écorner, et la désagréable impression de jouer les voyeurs. Mais non, ça a été plutôt animé, même si les deux boxeurs n’ont plus le rythme de leurs 20 ans.
Mike Tyson n’a pas gagné, match nul contre Roy Jones. Mais son retour est gagnant. Il a réussi à prouver à tout le monde qu’il n’était pas fini. Il ne combat plus comme à la fin des années 80, d’accord. Mais à 54 ans, il est apparu affûté comme jamais. Et nous, on dirait que ça nous rassure de le voir courir après sa jeunesse, ça nous permet de revivre la nôtre.
Ce combat de retraités en dit long sur notre rapport collectif au temps qui passe, et sur notre refus de vieillir et de voir vieillir les idoles. Virginie Phulpin n’est pas sûre que ça soit très rassurant, mais le retour de Mike Tyson a des airs de cure de jouvence.
