Il y a trois matches de foot italien ce mercredi soir. Mais vous ne les verrez pas, même si vous êtes abonnés à BeIn Sport. La chaîne ne diffusera plus la Série A jusqu’à la fin de la saison. Pour Virginie Phulpin, on ne peut pas laisser les téléspectateurs payer les pots cassés de batailles qui les dépassent.
Je me mets à la place des abonnés à BeIn Sport. Ils paient un abonnement, ils n’ont rien pu regarder pendant trois mois à cause de la pandémie. Ca, on a bien compris. Mais là, le championnat italien a repris, et les abonnés ne peuvent toujours rien voir, sauf qu’ils continuent à payer. Et là on comprend moins. Alors il y a de vraies raisons à ce blocage. BeIn détient les droits télé du championnat italien dans de nombreux pays, dont la France. La chaîne paie la Ligue italienne pour ça. Mais comme il n’y avait pas de matches, elle veut une compensation financière. Logique. Mais aucun accord n’a été trouvé. Et ce sont les abonnés qui trinquent. Et là-dessus vient s’ajouter la géopolitique. Les tensions diplomatiques entre le Qatar et l’Arabie Saoudite. BeIn, chaîne qatarie, reproche à la Ligue italienne d’organiser depuis deux ans sa Supercoupe en Arabie Saoudite. Les deux pays règlent maintenant leurs différends à travers le sport, et à travers la diffusion du sport.
Mais est-ce que c’est vraiment à nous, sur notre canapé, de faire office de dommages collatéraux dans une guerre financière et diplomatique ? Je ne suis pas sûre. S’abonner à une chaîne pour regarder du football, ça coûte cher, et le téléspectateur est en droit de bénéficier des produits qu’il achète, me semble t-il. Ce serait bien de revenir à des relations commerciales plutôt qu’à des relations internationales qui nous dépassent forcément un peu.
Pour vous les téléspectateurs doivent être entendus
Les abonnés de BeIn sont très énervés depuis trois semaines. Et on les comprend. Ils demandent un geste commercial de la part de la chaîne. Une ristourne, quoi. C’est le minimum. Et puis si on veut aller plus loin, on a en France une autorité qui régule l’audiovisuel. C’est le CSA. Il serait peut-être temps d’intervenir, non ? On ne peut pas laisser des dizaines de milliers de personnes le bec dans l’eau pour des raisons sur lesquelles elles n’ont aucune prise. Et puis sans intervention, regardons ce qui pourrait se passer. La colère des téléspectateurs va encore monter, BeIn va perdre des abonnés, et il y a beaucoup de gens qui vont se replier sur des sites de streaming illégal. Tiens, ils vont peut-être même aller voir ce qui se passe sur BeOutQ. Ca c’est une chaîne pirate saoudienne qui pille les programmes de BeIn Sport. Je ne suis pas bien sûre que ce soit une bonne idée de prendre ce risque-là.
