Chaque jour, la matinale d'Europe 1 revient sur l'un des événements sportifs qui fait l'actualité. Ce mardi, Virginie Phulpin évoque le projet de Super Ligue européenne de football. Elle estime que les joueurs et les entraineurs des douze clubs sont les dindons de la farce.
C’est l’édito sport de Virginie Phulpin. L’UEFA a réagi hier à la Super Ligue fermée créée par 12 grands clubs de foot. L’instance européenne a présenté sa réforme de la Ligue des Champions. Et elle menace les clubs sécessionnistes et leurs joueurs de suspensions. Pour vous, les joueurs et les entraîneurs sont les dindons de la farce.
Ils sont coincés entre le marteau et l’enclume, le football tangue et se déchire et eux se retrouvent au milieu de la tempête sans qu’on leur demande leur avis. Comme s’ils comptaient pour rien. J’ai réalisé à quel point ils n’étaient que des pions dans cette histoire en écoutant Jürgen Klopp, l’entraîneur de Liverpool, club mythique qui fait partie des sécessionnistes. "Mon avis sur la question n'a pas changé. Nous n'avons pas reçu beaucoup d'informations. Rien de plus que ce qu'on peut lire dans les journaux. C'est un coup dur. Je peux comprendre que ça ne plaise pas au public mais je ne peux pas en dire plus à ce sujet. Ni les joueurs ni moi n'avons été consultés sur la question."
Ni consultés, ni même simplement informés. You’ll never walk alone, qu’ils disent. Si, les joueurs se retrouvent seuls, comme piégés au milieu d’une situation dont ils ne maîtrisent strictement rien. Face à Liverpool, à l’échauffement, hier, les joueurs de Leeds portaient un T Shirt "si vous voulez l’Europe, il faut la mériter". Eux n’ont jamais dit le contraire, de toute façon on ne leur a jamais demandé ce qu’ils en pensaient. Donc quoi qu'ils fassent, ils sont vus comme les méchants de l’histoire sans avoir bougé le petit doigt.
En plus l’UEFA menace les joueurs de ces clubs de les suspendre
En gros, s’ils participent à la Super Ligue, ce sera fini pour eux en équipe nationale. Adieu l’Euro et la coupe du monde. A part pour Karim Benzema, avouez que ça n’est pas simple de choisir entre son club et sa sélection. On ne peut pas demander ça à un joueur. Déjà parce que c’est contestable en droit. Mais la menace est là. Et les footballeurs sont comme pris en otage entre les clubs frondeurs et l’UEFA.
D’ailleurs, alors que ça fait 24 heures que tout le monde donne son avis sur l’avenir du football européen, les joueurs sont à peu près les seuls à rester silencieux. Il y a quelques exceptions, certains critiquent cette idée de ligue fermée. Mais ça vient plutôt de joueurs dont les clubs ne sont pas concernés. Forcément.
Les autres, soit ils vont passer pour des traîtres au football s’ils soutiennent leur club, soit ils vont se retrouver dans la ligne de mire de leur employeur s’ils s’y opposent. Il n’y a pas de bonne solution pour eux. Une preuve de plus que les joueurs ne sont que des marchandises dans cette bataille qui les dépasse. Un sport qui se moque autant de ses acteurs ne tourne pas rond.