Chaque jour, la matinale d'Europe 1 revient sur l'un des événements sportifs qui fait l'actualité. Ce vendredi, Virginie Phulpin s'intéresse au lancement de la nouvelle édition du Tour de France qui s'élancera ce week-end depuis Brest. Selon elle, il faut s'intéresser à Christopher Froome.
Le Tour de France part demain de Brest. La course cycliste retrouve l’heure d’été, son public et une vieille connaissance. Chris Froome, quadruple vainqueur du Tour, revient après trois ans d’absence, et ce n’est plus le même coureur. Pour Virginie Phulpin, il n’a aucune chance de gagner, et c’est justement pour ça qu’on va l’apprécier davantage.
Il y a des champions comme ça qu’on apprend à aimer une fois qu’ils sont tombés de leur piédestal et de leur vélo. Du temps de sa splendeur, Chris Froome, on adorait le détester. Il remportait le Tour de France sans nous offrir d’émotions, tout juste de la suspicion. Il gagnait trop, ça avait l’air trop simple, il était le leader insolent de cette Team Sky richissime qui roulait des mécaniques, et ça nous agaçait.
Ce qu’on aime dans le vélo, c’est la sueur et les larmes, les défaillances romantiques et les victoires héroïques, pas les calculs froids et les dominations écrites d’avance. Chris Froome a reçu beaucoup de lauriers et peu d’amour sur le Tour, mais ça va changer cette année. C’est lui qui a changé.
Son terrible accident en marge du Dauphiné il y a deux ans a brisé son corps et anéanti ses ambitions. C’est terrible, mais on a vu le robot devenir humain après tout, comme diraient les Daft Punk, et aujourd’hui il nous touche parce qu’il essaie de revenir, parce qu’il se bat et qu’on découvre une autre facette du personnage. Chris Froome va s’élancer de Brest demain, cette ville où il a découvert le Tour en 2008 les dents qui rayaient le bitume, et où il revient simplement pour être heureux sur son vélo.
On peut le dire sans risque de se tromper, Chris Froome ne gagnera pas le Tour de France.
Non, mais pour la première fois il va gagner les cœurs. Il le dit lui-même, il sent une chaleur nouvelle de la part du public en France depuis son retour. On l’a vu incapable de suivre un peloton lors du dernier Dauphiné. Il a fini 47e, usé, cassé, et le fait même qu’il se présente au départ du Tour lui fait gagner ses galons de héros qu’on lui a toujours refusé quand il arrivait avec le maillot jaune sur les Champs Elysées.
Le cœur n’a que faire du palmarès, et on s’attache davantage aux hommes de l’ombre blessés dans leur corps et leur orgueil qu’aux vainqueurs insipides. Avant, Chris Froome prenait le départ en voulant écraser tout le monde sur son passage. Admiré, un peu, suspecté, beaucoup, aimé, presque pas.
Aujourd’hui, le Britannique arrive en souriant, il veut profiter, essayer de gagner une étape, et aider ses coéquipiers. Il apprend à penser aux autres. "Vous pouvez vous attendre à me voir porter des bidons pendant trois semaines", dit-il. Ah oui, parce qu’en plus, Chris Froome a de l’humour et sait se moquer de lui-même ? On a attendu 2021 pour le savoir, mais Virginie Phulpin est persuadée qu’il sera encouragé comme jamais quand il grimpera le Mont Ventoux. Ça ressemble quand même à une nouvelle victoire sur le Tour de France.