A la découverte de la Baie de Somme et de l'agneau de Prés salés

On file en Picardie ce matin, du coté de la Baie de Somme.

Qui fait partie, avec la Baie du Mont St Michel et le Golfe de Porto, du club des plus belles baies du monde. Un club très fermé. Et cette Baie de Somme séduit, parce que c’est un tableau mouvant, comme la Baie du Mont saint Michel. Tous les éléments y sont : cette plage du Crotoy, qui est la seule plage du Nord exposé vers le Midi, l’estuaire qui vit au rythme des marées avec la mer qui se retire sur 8 km. Donc résultat vous avez une immense étendue de sable qui se découvre devant vos yeux, Le ciel et les nuages qui défilent au-dessus de vous, et les lumières qui varient toutes les heures. Ce qui explique d’ailleurs pourquoi la Baie a été une source d’inspiration pour beaucoup d’artistes et d’écrivains. 

comme Eugène Boudin, non ?

Oui, il y a peint une bonne soixantaine de toiles , surtout de St Valery sur Somme. Degas venait aussi assez souvent. Victor Hugo y a écrit son poème "Oceanon Nox". Quant au village du Crotoy, qui est situé en face de l’autre côté de la Baie, il a vu défiler Toulouse Lautrec, Colette et Jules Verne ! Il vivait à Amiens et il avait mouillé son bateau dans le port. Figurez-vous qu’il a écrit des passages de 20 mille lieues sous les mers au Crotoy ! Cependant, à qui l’on doit le succès du Crotoy ? Et bien à Pierre Guerlain qui a fait venir tout Paris dans son hôtel de villégiature. Un Hôtel qu’il avait ouvert Eugénie, l’Impératrice et qui n'a jamais fait le déplacement.

Mais nous on va y allez en revanche !

Et vous allez doublement y aller ! Pourquoi ? Parce qu’il faut pousser plus vers le Nord, et aller voir la petite sœur de la Baie de Somme, la Baie d’Authie. Entre Fort Mahon et Berck, c'est la frontière naturelle la Somme et le Pas de calais. Et là c’est encore plus sauvage, moins fréquentée. Un petit bout du monde qui va être recouvert très vite de touches violettes, puisqu’on rentre dans la saison du Lilas de mer. Lilas qu'il faut cueillir de manière responsable. Pas plus d’un bouquet par personne.  C’est le spot pour les sportifs : char a voile, Kite, Longe cote, équitation au club de l’étrier, sortie découverte et responsable pour observer les phoques et même une randonnée gourmande car vous vous en doutez c’est un véritable garde manger cette baie : et y a pas que la salicorne a cueillir. Je vous donne deux points de vue pour vos photos : la pointe de Routhiauville, dunes a perte d’horizon et le petit port de la Madelon.

Des adresses d’hébergements ?

Coté Baie de Somme : Les chambres d’hôtes du Velocipède A st Valery sur Somme. Une valeur sûre, c’est contemporain et plein de cachet. Et cote baie d’Authie : les chambres d’hôtes de La vieille écluse, en pleine nature, vous pouvez même dormir dans une ancienne hutte de chasse. Chambres canon : coefficient 120, les pieds dans la mare, le pont a cailloux… Vous êtes déjà dans l’ambiance !

Marion Sauveur… qu’est-ce qu’on mange dans cette baie ? 

Une viande d’exception : l’agneau de Prés salés de la Baie de Somme qui a d’ailleurs une appellation d’origine protégée. 2.000 agneaux élevés dans des prés qui sont vraiment salés puisque recouverts par la mer lors des marées. A marée basse, quand la mer se retire, elle laisse apparaître des bancs de sable dorés et ces mollières, c’est comme ça qu’on appelle ces prés. On y trouve de la pucinelle, de l’obione, des plantes naturellement salées dont les agneaux vont se délecter. 

La saison débute tout juste puisque les agneaux nés cet hiver, ont gagné les Prés salés depuis début avril et qu’ils doivent pâturer en baie au moins 75 jours, sans revenir à la bergerie ! On arrive au terme. Et pendant ces 75 jours, les agneaux ne chôment pas, comme l’explique Régis Dupays, éleveur d’agneaux de Prés salés : 

"Pour un agneau, dès qu'il quitte la bergerie avec sa mère, son passe-temps de la journée, ça va être soit de téter sa mère pour continuer d'avoir un allaitement naturel, et au fil des mois pendant au minimum 75 jours là, il va commencer à pâturer, c'est-à-dire à manger de l'herbe. Il faut naturellement se déplacer dans cette zone, il font des kilomètres dans la journée. Bon ils vont prendre de la carcasse, du poids, du muscle, et un peu de gras parce qu'il en faut pour la cuisson, c'est impératif. Ça va nous faire de très bons agneaux, c'est ce qui fait la différence". 

C’est quoi la particularité gustative de ces agneaux ? 

Une viande bien rouge parce les agneaux se nourrissent d’une flore saline et iodée. C’est ce qui donne cette couleur. Ils parcourent une dizaine de kilomètres chaque jour, sur les 1.200 hectares de cette zone naturelle protégée ce qui donne une viande moins grasse et bien persillée. C’est ce qui apporte un goût unique à la viande.

Comment est-ce qu'on la cuisine ? 

Vu que la saison des barbecues et des planchas est lancée, je vous propose de cuisiner les côtelettes. Il ne faut pas le dénaturer l’agneau de prés salés. On va juste lui apporter une légère marinade : huile d’olive, quelques herbes fraîches (thym, romarin, sariette) et un peu de jus de citron (pour apporter un peu de pep’s). Les côtelettes ne demandent pas une grosse cuisson : 3 à 4 minutes de chaque côté. L’important est ensuite de laisser reposer la viande, une bonne minute, avant de la servir. 

Des adresses ? 

- Le Relais Guillaume de Normandy, à Saint Valery sur Somme, avec une magnifique vue sur la baie. Le chef Sébastien Martyniuk propose notamment une souris d’agneau confite, avec un jus corsé au thym. 

- Le chef Jackie Masse à La Terrasse à Fort-Mahon-Plage cuisine l’agneau tout entier. Et propose des carrés servis avec des plantes de la baie de Somme comme l’aster ou la passe-pierre (salicorne). Ou un gigot rôti… qui peut, en cas de grosses chaleurs, être servi froid avec une sauce gribiche.