6:31
  • Copié

Tous les samedis et dimanches, Vanessa Zhâ et Marion Sauveur nous font découvrir quelques pépites du patrimoine français.

On part en balade du côté des Saintes-Maries-de-la-Mer en Camargue, un lieu idéal en cette arrière-saison. 

Il y a moins de touristes... et moins de moustiques aussi ! C’est la meilleure période pour observer les oiseaux, les flamands roses évidemment. Et le parc ornithologique de Pont-de-Gau est incroyable pour ça. Vous êtes sur les sentiers le long des marais, des roubines, au milieu des oiseaux. Vous ne pouvez pas être plus proche. Et je vous conseille vraiment de faire la visite avec un des guides naturalistes, vous vous en doutez !

D’ailleurs, saviez-vous que les flamants roses naissent blanc/gris, et que c’est en mangeant des crevettes chargées de pigments -caroténoides, qu’ils deviennent roses ? Et que plus les mâles sont roses, plus ils séduisent les femelles ? Il faut bien un avantage à être rose, question camouflage c’est quand même un handicap.

Et qui dit Camargue, dit chevaux. Ces petits chevaux blancs qu’on voit partout en liberté. 

Et avec lesquels vous pouvez vous aussi partir en balade dans les marais ou sur les plages. Ce sont des éleveurs et des manadiers qui organisent ces sorties. Olivier Terroux, un véritable passionné, vous emmène sur la réserve des Impériaux, au bord de l’étang du Vacarez. C'est très sauvage, très beau. Il est à la tête des cabanes de Cacharel, un domaine mythique crée en 1930 par Denis Colon de Donan.

"C'était un peu un rêve à cette époque là. Il n'y avait même pas de route qui accédait au village par la route de Cacharel. Et il a démarré un élevage de chevaux et de taureaux de race Camargue. Il n'y avait pas d'eau, pas d'électricité, mais il avait une idée bien précise de la Camargue sauvage pour écrire, pour dessiner, pour peindre, pour faire de la photo et de la vidéo... Il a réalisé pas mal de choses, mais ce qui a été le plus médiatisé, c'était un film sorti à la fin des années 60, début 70 : Crin Blanc. Il a fait connaitre la Camargue au grand public."

Et la Camargue a aussi inspiré des peintres.

Van Gogh par exemple. Lui, c’est la mer qui l’attirait. Mer qu’il n’a pas trouvée si bleue d’ailleurs, plutôt "changeante comme la couleur des maquereaux". Il a bien craqué aussi pour les "barques colorées" qu’il comparait a des fleurs, et les cabanes de gardians toutes blanches, avec des toits qui ressemblent a de la chaume - mais en fait c’est de la salicorne.

Bref, il a tellement été séduit qu’il a peint sept toiles et douze dessins en moins d’une semaine. Partir sur les traces de ses tableaux, c’est donc une jolie façon de découvrir les Saintes-Maries-de-la-Mer. Et si, par hasard, vous croisez Alain Amiel, grand spécialiste de Van Gogh, ne le lâchez pas. 

Une adresse de charme, Vanessa ? 

L’Auberge Cavalière du Pont des Bannes 4 étoiles. Là, vous êtes dans une cabane traditionnelle de gardian, avec piscine, spa et restaurant. Le Mas des Peint, une très belle manade élégante qui organise de journées camarguaises, très écotouristiques. 

Et un bon plan je crois ?

Pour une nuit, sur l’ensemble des Bouches-du-Rhone d’ailleurs, le département offre 100 euros d’activités culturelles et sportives.

Après cette balade, Marion Sauveur, on se pose à table. Et qu’est-ce qu’on déguste en Camargue ? 

Du riz, puisque c’est en Camargue que pousse presque l’intégralité de notre production française. Et elle participe, cette céréale, à la beauté de ces paysages camarguais, avec ses jolies tiges vertes au début de l’été avant qu’elles ne sèchent intégralement pour devenir l’or jaune de Camargue. 

Si vous avez la chance d’être dans la région, peut-être pour les férias du riz ce week-end, allez vous balader pour découvrir ces paysages. Puisque dès la semaine prochaine, ils vont être modifiés. On va commencer la récolte du riz, et les moissonneuses batteuses avec leurs chenilles vont passer dans les rizières.  

Il y a toujours eu du riz en Camargue ? 

Et non, le riz n’a pas toujours été là. Et sa culture est même plutôt récente, comme me l’a raconté le riziculteur et président du syndicat des riziculteurs français Bertrand Mazel. "Au moment de la dernière guerre, on avait besoin de productions qui venaient d'Asie. Et comme on avait perdu l’Indochine, on a considéré qu'il fallait continuer à avoir une autonomie alimentaire pour le riz. Et c'est le plan Marshall qui a été lancé pour relancer la riziculture. Concrètement, on a investit dans des infrastructures d'irrigation et d'assainissement pour créer tout un réseau d'eau en Camargue, pour créer cette zone de production".   

Les riziculteurs sont donc implantés près du delta du Rhône, ce qui leur permet de réguler l’eau douce, au riz d’avoir toujours les pieds dans l’eau, mais aussi de dessaler le sol et de maintenir la biodiversité dans la région. 

C’est quoi la particularité du riz de Camargue ? 

Il n’y a pas un riz, mais des riz. Long, rond, rouge, noir : il existe plus d’une centaine de variétés qui bénéficient d’un label : l’indication géographique protégée (IGP). Il y a des variétés spécifiquement camarguaises : l’arélate / gageron / manobi / tamtam. Ces noms ne doivent rien vous dire, puisqu’on n’affiche pas aujourd’hui ces variétés. On connaît surtout les variétés italiennes pour réaliser des risotto. Mais ça s’arrête là ! Espérons que cela change. 

C’est au niveau du goût que les riz camarguais sont différents : ils ont des saveurs de noisettes, et les riz rouge ou noir sont plus croquants. C’est dû notamment au terroir et au Mistral qui sèche le riz. 

Comment on le déguste ?  

A toutes les sauces. Nature, avec de l’huile d’olive bien sûr ! Mais en Camargue, il y a un plat à côté duquel il ne faut pas passer : la gardianne de taureau. LE plat traditionnel : une daube de taureau, bien goûteuse, bien gourmande, au vin rouge et servie avec du riz de Camargue.  

Vous avez de bonnes adresses pour déguster ce riz de Camargue ? 

  • La gardianne même ! Si vous êtes de passage à Albaron, goûtez celle du Flamant rose, où le chef réalise une belle cuisine du terroir.  
  • A Arles, je vous conseille L’Arlatan.  

Et une dernière adresse, La Maison du riz. Ce n’est pas un restaurant mais un musée qui explique comment pousse le riz. Et vous pouvez même visiter les rizières.