Chaque vendredi, Michaël Hirsch nous fait partager une lettre adressée à une personnalité ou une institution qui fait l'actualité.
Le tournoi de Tennis de Roland-Garros démarrant ce dimanche, Michaël Hirsch a décidé d’adresser sa Lettre ou ne pas Lettre de ce vendredi à celui qui va une fois de plus beaucoup nous manquer.
Cher Roger Federer,
Si je vous écris aujourd’hui, c’est parce qu’hélas, vous ne serez pas à Roland Garros cette année, et comme je vous Chelem beaucoup, j’ai un peu le moral dans les chaussettes de tennis. Vous qui si souvent dans votre carrière avez fait fort, vous voilà donc forfait.
Seulement vous savez, on a tous qqch en nous de tennis ici, surtout quand il s’agit de ce sport où même les balles ont jaunis. Alors faire l’impasse sur ce tournoi, cher Roger, Ace bien raisonnable ?
Car les meilleurs joueurs du monde seront présents pour ces 14 jours de filets et de beau jeu, où l’on enchaînera set sur set, ce qui fait bien 14 et pour tous ceux que vous avez su, cher Roger, fédérer autour de votre sport, vous apparaissez aujourd’hui comme un absent grave !
Car depuis que vous êtes apparu sur le circuit, il y a bientôt 20 ans, vous êtes devenu pour les gens, une légende, et loin de vous comporter comme un sport, le tennis, vous en faites de l’art, et jamais du cochon.
Puisque sur le terrain, ce qui vous distingue des autres, c’est l’élégance. Même en plein effort, il n’a pas une goutte de sueur ni même de rougeurs, Federer…
Et avec votre merveilleux jeu d’attaque, vous auriez pu tout gagner en double, mais vous avez préféré faire simple. Enfin, pas si simple quand même. Car vous saviez déjà faire de l’effet. Alors vous brillez par votre revers de diamants et le public s'exclame à chacune de vos balles masquées ohé ohé !
Et quand l’autre en face prend sa leçon, pour vous les terrains deviennent des vrais cours de récréation. Et grâce à votre jeu aérien, le maître décolle et vous semblez marcher sur des jeux.
Seulement pendant longtemps certains vous trouvent un peu trop neutre. Peut-être votre côté profondément Suisse, l'Helvète Underground qui sommeille en vous, alors vous sortez des coups lisses mais en préférant toujours les coups droits là où vos adversaires sont adeptes des coups tordus.
Et notamment face à celui qui va devenir votre meilleur ennemi, Rafael Nadal. L’homme qui va parfois vous clouer au lift, ce sont les effets secondaires des grips espagnols. Avec lui va naître une des plus grandes rivalités de l’histoire de ce sport.
Et vous le joueur fluide et silencieux, vous devez supporter cet espagnol gémissant. Et c’est pas en se rendant coup pour coup qu’on peut faire tamis tamis.
Finalement depuis le début de carrière vous avez très peu, cher Roger, fait d’erreurs. En atteste, ce début d’année qui a été fabuleux. Pour vous le dur semblait facile, vous avez tout gagné, donnant l’impression de toucher le ciel, et je comprends que vous redoutiez de revenir sur terre, battu.
Alors même si la porte d’Auteuil n’est pas pour vous la porte d’à côté, l’année prochaine, revenez nous enchanter sur le central de Roland Garros, nous égrainer vos quatre cents coups qui réinventent le tennis de haute volée. Et en attendant, permettez-moi de vous dire merci du fond du cour,
Tendrement,
Michael,