Tous les samedis dans l'émission Mediapolis, Claire Hazan revient sur l'actualité et la politique par le prisme des réseaux sociaux.
Pour chaque candidat, il faut un site internet. Et pour chaque site internet, et bien il faut une adresse internet (une url), du type alainjuppé.fr. Et c’est là que ça se complique…
Pour commencer, qu’est-ce qui fait une bonne adresse web pour un candidat? Il faut qu’elle soit simple et rapidement identifiable, en comportant par exemple son nom. Je simplifie, mais c’est ce qui lui permet d’être bien référencé dans Google, et de remonter en première page du moteur de recherche. Des recherches, par exemple, vous pourriez avoir envie d’en faire sur le livre de Nicolas Sarkozy, sorti la semaine dernière. Allez-y, faites un essai, tapez Toutpourlafrance.net dans votre navigateur.
Vous pensez tombez sur son site de campagne, trouver des informations sur son programme mais vous atterrissez sur un site d’e-commerce, dans la rubrique consacrée à la-vente de-nains-de-jardin. Ça fait désordre même s’il y a de très beaux modèles. Rassurez-vous, NS n’est pas seul dans cette "galère du .fr"
ArnaudMontebourg2017.fr renvoie vers une biographie du candidat dans une version qu’à mon avis il n’a pas dû valider. Même genre de traquenard en 2012 déjà, hollande2012.fr redirigeait vers le site de l’UMP.
C’est à n’y rien comprendre, que se passe-t-il alors ?
C’est simple, n’importe qui peut réserver un nom de domaine au nom de n’importe qui d’autre, sans même avoir à prouver son identité. Une adresse internet, ça s’achète en quelques clics et pour à peu près une dizaine d’euros.
Qui fait ça et pourquoi? Il y a les petits malins qui veulent simplement faire un gag potache. Et il y a ceux pour qui c’est un véritable business. Ils achètent des noms de domaine et les revendent. Ça marche un peu comme la bourse finalement. Vous anticipez, vous achetez au plus bas, et vous revendez avec une plus-value quand la demande se fait sentir. L’adresse Françoishollande2017.fr, c’est un particulier qui la détient. Il pense – enfin il pensait ?- pouvoir la revendre au Président autour de 2000€ en cas de candidature.
En 2014 quand Emmanuel Macron, encore peu connu, est nommé Ministre de l’Economie, un autre internaute avait réservé macon2017.fr. Comme ça, juste au cas où….
Mais alors c’est quoi la solution pour les candidats ? Payer tous les petits malins qui ont acheté les adresses internet à leur nom?
Ils peuvent négocier oui. Il y a aussi des arbitrages, des recours judiciaires possibles mais c’est long et compliqué, personne ne le fait. Et puis il y a une autre option. C’est de sécuriser soi-même longtemps à l’avance un certain nombre d’adresses à son nom. En .net, .com, .fr ; avec plusieurs combinaisons nom/prénom/année. Mais là le candidat prend un autre risque : celui de révéler trop tôt son ambition présidentielle. L’adresse du site de campagne de Cécile Duflot -duflot2017.fr- a été réservée dès 2011 par l’un de ses proches. Idem pour françoisfillon2017.fr, bookée depuis 2012.
Pour 2022, j’ai fait un petit état des lieux non exhaustif. Vous en tirerez les conclusions que vous voudrez. On ne connait pas les propriétaires, mais sachez que Valls2022 et Marine2022.fr sont déjà réservés. En revanche, Enmarche2022 et Moranopresidente.fr sont toujours disponibles si vous souhaitez vous porter acquéreur.