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SAISON 2016 - 2017

Tous les samedis dans l'émission Mediapolis, Claire Hazan revient sur l'actualité et la politique par le prisme des réseaux sociaux.

Claire, la passation de pouvoirs entre François Hollande et Emmanuel Macron aura lieu demain. L’occasion pour vous de dresser le bilan de l’action de François Hollande… sur les réseaux sociaux.

 

François Hollande et les réseaux sociaux, l’histoire avait plutôt mal commencé.

Un vague compte Twitter ouvert à son nom en 2009, mais qui pendant les 2 premières années du quinquennat est resté totalement silencieux.

Il y a bien eu un premier tweet en 2012, propulsé directement en Une du Monde. Sauf que bon, ce n’est pas lui qui l’a écrit, c’est Valérie Trierweiller. Rappelez-vous c’était le fameux tweet de soutien à au concurrent de Ségolène Royal pendant les législatives.

Twitter donc pour le Président, « un truc de jeune », pas vraiment digne de l’intérêt d’un chef d’Etat. A peine l’occasion d’une petite blagounette.

En 2013, écoutez ce qu’il répond à un journaliste du Lab d’Europe 1 qui lui demande pourquoi il ne tweete pas :

 

« Aurais-je manqué d'esprit de décision ? Serait-ce là la preuve de mes mauvais sondages ? Je n'aurais pas tweeté comme il convenait  ou pas tweeté du tout. Je vais réfléchir à votre proposition et vous verrez bien au premier tweet si j’ai changé d’attitude. »

 

Son attitude, elle change en 2014. Là c’est le déclic. Conseillé, poussé par ses communicants, François Hollande accepte l’idée qu’il lui faudra tweeter pour exister.

Il retweet  d’abord, timidement, les messages des autres.

Puis tweete, en son nom, des messages aux accents plus personnels : sur la rentrée des classes, les Jeux Olympiques, les fêtes nationales (ce n’est pas Obama non plus, avec son sens inné du LOL classieux sur internet).

En 2015, François Hollande cède à la tentation du Président multi-réseaux.

Il ouvre un compte sur Instagram (après tout Angela Merkel en a bien un).

Puis il se met sur Snapchat, le réseau social des ados et des filtres de chaton. Après tout, Hillary Clinton et Donald Trump y ont fait un malheur pendant la campagne américaine.

En 2016, il prend tout le monde de court. Il est le tout premier homme politique français à se mettre en scène sur Periscope, l’application de direct vidéo de Twitter.

Et là c’est le bug, petit geek veut grandir trop vite.

Le direct est vite saturé de commentaires peu flatteurs d’internautes. Quelques « coucou flamby » mais surtout des invectives politiques. L’opération est mal tombée, on est en pleine période de contestation de la loi travail…

 

Il faut dire aussi que l’interactivité, l’échange avec les internautes (l’essence même des réseaux sociaux) cela n’a pas été le fort de François Hollande. En un quinquennat, il n’a répondu qu’à un seul internaute sur Twitter (Donald Trump par exemple le fait fréquemment). L’internaute de François Hollande c’était Rihanna, la chanteuse, qui l’interpelait pour une cause humanitaire. Sympa cet échange, mais peut-être pas le meilleur exemple de « démocratie participative ».

 

Au final, pour résumer le bilan de François Hollande sur les réseaux sociaux. Pas de gros écueils, mais pas vraiment de prises de risque non plus. Il a avancé tranquillement sans trop personnaliser sa communication, et donc sans réussir à créer un sentiment de proximité grâce à ces nouveaux outils. Aujourd’hui il a 2 millions de followers, 8 fois plus qu’il y a 5 ans.

Notre prochain président sera sans doute encore plus geek. Mais François Hollande lui regarde déjà vers les technologies du futur. A une récente conférence sur l’Intelligence Artificielle, il a conclu avec perspicacité : « L’intelligence artificielle effraie ceux qui s’imaginent irremplaçables. Personne ne l’est. Il s’agit simplement d’être bien remplacé ».