Victime d'un accident de fabrication, la paternité de la Bêtise est contestée par deux maisons. Personne n'a le monopole de la maladresse !
Je vous ai apporté des bonbons, parce que les fleurs c’est périssable et puis les bonbons c’est tellement bon. Ces bêtises-là sont adorables ! Lumière sur une erreur, plein phare sur une boulette, zoom sur une bévue, focus sur une gaffe : aujourd’hui la bêtise de cambrai !
Vous avez décidé de réparer une injustice.
Oui, j’ai envie de transformer cette tribune que vous m’offrez en "surface de réparation". Alors rien de footballistique dans tout ça. A la fin, je vous le rappelle, c’est de toutes façons, le Portugal qui gagne et Cristiano Ronaldo qui nous nargue. Non, une vraie surface de réparation, un endroit où l’on répare, une sorte d’hôpital des jouets cassés, une clinique où l’on recoudrait les cœurs brisés (et Dieu sait qu’ils sont nombreux), où on laverait les affronts, les réputations, les légendes urbaines, etc.
Bref, un endroit où on réécrirait les histoires. Parce qu’à bien y regarder, il y a quand même un paquet de découvertes, d’inventions et d’innovations qui ont été faites par accident, à la suite d’un concours d’imprévu, de circonstances ou par hasard. C’est ce qu’on appelle la sérendipité, les découvertes par hasard. Il y en a des tonnes mais on peut citer pêle-mêle le caoutchouc, inventé par l’américain Charles Goodyear, qui tente d’enflammer un morceau de latex. Déçu du résultat, il le jette par la fenêtre dans la neige. Sauf que le lendemain, il découvre que le matériau possède une grande élasticité. Il y a aussi la colle qui ne colle qu’à elle-même, découverte par Spencer Silver, chimiste chez 3M, qui inventera le petit papier jaune, qu’on colle et recolle : le fameux post-it ! Et bien, c’est à cette longue liste de découvertes par erreur, que je voudrai ajouter aujourd’hui : la bêtise de Cambrai.
Pas facile de grandir quand vous savez que vous êtes issue d’une erreur. C’est exactement l’ADN de la bêtise de Cambrai, issue d’un loupé ! Ah la boulette ! L’enfance et l’adolescence de la bêtise ne seront pas simple. Comme beaucoup de jeunes de son âge, elle posera un panneau "interdit aux parents" sur sa porte de chambre qu’elle claquera régulièrement en hurlant, "j’m’en fous, j’ferai beaux-arts !"
Difficile de grandir avec l’impression d’être un parasite inutile. Mais il y a pire que cela : "grandir en ayant l’impression d’être un parasite inutile au milieu de parents qui se disputent la paternité du dit-parasite"
L’origine du bonbon remonterait au 19ème siècle (à priori 1830). Les deux maison Afchain et Despinoy vont se déchirer autour de la paternité de la Bêtise jusqu’ à ce qu’un procès ait lieu. Je sais pas si vous vous souvenez de la série Cas de Divorce sur TF1 où le chroniqueur judiciaire, tapi dans le fond du tribunal, chuchotait dans son micro "Fabienne Martin reproche à son mari des absences répétées mais c’est désormais au tour de Bernard, de venir donner sa version des faits à la barre.
Et bien c’est un peu là qu’on est avec les Bêtises de Cambrai. Imaginez on est en 1889, en plein procès. D’un côté, la maison Afchain qui raconte que le jeune Émile, à l’époque apprenti confiseur chez ses parents fait une erreur en préparant les berlingots. Il y laisse tomber accidentellement de la menthe dans la préparation, mais ne dit rien. Pour camoufler sa maladresse, il tire sur la pâte jusqu’à ce qu’elle blanchisse. Ses parents mettent les berlingots à la vente et les clients en redemandent. Émile créera plus tard officiellement les Bêtises de Cambrai.
Du côté de chez les Despinoy, c’est une erreur de dosage et cuisson qui aurait été commise par Jules Despinoy. Le procès donne donc lieu à ce qu’on pourrait appeler "un subtil compromis". La Maison Afchain est reconnue comme "seul inventeur" et Despinoy comme "créateur". Bonnet blanc et blanc bonnet !
Alors quelles bêtises avez-vous choisi de nous faire découvrir ?
Comme c’est souvent le cas dans les divorces, on mangera les bêtises de Despinoy un week-end sur deux, et la moitié des vacances. Mais comme on est un jour de semaine, aujourd’hui, c’est Afchain, qui a la garde
La bêtise de Cambrai a été beaucoup copiée, plagiée, mais jamais égalée, nous on préfère l’original avec ses quelques imperfections qui font tout son charme. La bêtise a la forme d’un petit coussin rectangulaire, elle est aromatisée à la menthe et rayés de sucre caramélisé.