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Chaque jour, Bruno Donnet regarde la télévision, écoute la radio et scrute les journaux ainsi que les réseaux sociaux pour livrer ses téléscopages. Ce mercredi, il s'intéresse à l'expérience de Marine Le Pen qui a été mise à mal par son impatience.

Tous les jours, Bruno Donnet observe les stratégies médiatiques. Ce matin, il a choisi de pointer son télescope sur la communication de Marine Le Pen car il a été frappé par la manière dont elle a tout récemment utilisé sa grande expérience.

Marine Le Pen est une femme d'expérience. Elle est rompue, depuis des lustres, au fonctionnement des médias, elle en connait parfaitement bien les rouages et les pièges.

Elle sait donc, notamment, que les journalistes sont des gens pressés. Pressés de recueillir avant les autres, et parfois même bien avant l’heure, les informations.

En ce moment, par exemple, sur l’autel de la réforme des retraites plus qu’impopulaire, la séquence politique est, parait-il, favorable au Rassemblement National.

Du coup, les journalistes questionnent les ambitions de Marine Le Pen. Ils veulent savoir ce qu’il adviendrait de son sort, si une dissolution venait à se produire.

Et c’est ce qu’a fait, hier matin, Sonia Mabrouk, ici même, sur Europe 1. Elle a demandé à Marine Le Pen ce qu’elle ferait si sa formation politique venait à remporter d’hypothétiques législatives : « Si nous gagnons les élections législatives, il y aura un premier ministre Rassemblement National. »

Marine Le Pen a alors répondu, mais elle n’a pas cité de nom. Sonia Mabrouk l’a donc relancée et questionnée plus directement : « Et pourquoi pas vous ? »

À ce moment-là, l'expérience de Marine Le Pen a parlé : « Bah peut-être parce que je suis appelée à d’autres responsabilités ! »

Elle a évoqué « d’autres responsabilités », sans jamais les nommer.

Pourquoi ? Et bien tout simplement parce que comme elle est très expérimentée, elle sait qu’on ne se déclare pas candidate à une présidentielle quatre ans avant l’échéance ! ça ne sert à rien et ça n’intéresse personne.

Du reste, avant-hier, dans les couloirs de l’assemblée nationale, alors qu’un journaliste de BFM-TV était en train de l’asticoter pour savoir si oui, ou non, elle serait candidate, la prochaine fois : « Y’aura un bulletin Marine Le Pen en 2027 donc, c’est sûr ? »

Elle lui a répondu, on ne peut plus clairement, que ce n’était pas à une femme politique aussi expérimentée qu’elle, qu’on allait apprendre à faire la grimace : « Enfin vous n’allez pas me faire dire aujourd’hui si je serais candidate ou pas, vous êtes gentil, j’ai trop d’expérience pour ça ! »

Et oui mon p’tit bonhomme, c’est pas BFM-TV qui va faire dire à une femme politique d'expérience, si elle sera candidate dans quatre ans !

La présidentielle, on y pense tous les jours mais on n’en parle jamais, c’est une règle d’airain.

Bruno Donnet a beaucoup aimé ce petit épisode de lundi car Marine Le Pen n’a pas menti.

En effet, ce n’est pas BFM qui lui a fait dire qu’elle serait candidate en 2027, c’est elle qui y est allée comme une grande. Écoutez donc ce qu’elle a répondu à la question : que faudra-t-il faire si la réforme des retraites est adoptée ? « Alors du coup, qu’est-ce qui reste ? Voter Marine Le Pen en 2027 ! »

Faudra voter Marine Le Pen en 2027. Et comme elle a beaucoup trop d'expérience pour se laisser piéger, elle l’a même répété une seconde fois : « Soit la motion de censure est votée (…) soit le conseil constitutionnel censure (…) soit et bien il faudra voter pour Marine Le Pen en 2027 ! »

L’expérience médiatique, est une alliée puissante dans la vie politique : « Oui, enfin, vous n’allez pas me faire dire aujourd’hui si je serais candidate ou pas, vous êtes gentil, j’ai trop d’expérience pour ça. »

Même si, quelquefois, l’impatience vient s’amuser à lui coller des bâtons dans les roues.