Chaque jour, Vincent Hervouet traite d’un sujet international.
Au lendemain de la décision de Donald Trump, l’Europe veut sauver l’accord sur le nucléaire iranien.
Vous connaissez l’histoire du veuf éploré qui tente de se consoler en se disant que depuis longtemps, il voulait s’acheter un costume noir.
C’est ce qui s’est passé hier en Europe.
Donald Trump a torpillé l’accord avec l’Iran.
Les raisonnements de son nouvel ami Emmanuel ne l’ont pas retenu. Les arguments des vieux alliés Saoudiens et Israéliens, ont pesé plus lourd. Aux États-Unis, pour une fois, l’État profond est satisfait de Donald Trump. D’ailleurs, les médias américains sont retournés illico à leurs vraies passions, la star du porno, l’avocat perquisitionné, tout cette vulgarité qui les enivre comme les chiens de chasse le sont par un fumet d’andouillette.
En Europe, en revanche, sidération.
L’Europe stupéfaite, l’Europe parfaite. Comme à chaque crise, elle semble découvrir que le monde alentour est si dur.
Les prophètes de malheur annoncent une guerre inéluctable, que si l’Iran se retire à son tour, un conflit nucléaire devient possible, que la moitié du monde sera concerné, les haines ataviques vont se réveiller, les bombes atomiques proliférer. Déjà, la nuit dernière, Israéliens et Iraniens se sont bagarré autour du Golan, en Syrie. Bref, l’apocalypse a commencé. C’est sur le palier ! Les Européens aux premières loges, voisins et donc otages du chaos qui vient.
C’est vrai, c’est terrible, mais il y a le costume noir et la cravate qui va avec.
C’est à dire ?
À chaque chose, malheur est bon !
Un communiqué commun a été signé par Français, Allemands et Britanniques. Les Européens ne savent pas trop comment éviter aux entreprises qui travaillent en Iran les foudres de la justice américaine, mais ils affichent un front du refus. La France est fière de son leadership, comme elle était fière hier d’être la meilleure amie du Donald. L’important, c’est d’être fier. De ne pas désespérer Renault, Total et Airbus. De laisser espérer Hassan Rohani. Il joue sa tête. Le Président lui a promis des groupes de travail, dès lundi, entre ministres des affaires étrangères. Les palabres promettent d’être aussi longues qu’une interview de l’ambassadeur d’Iran à Paris. Mais c’est toujours une semaine de gagnée !
Le repli américain fait avancer l’Union européenne, comme acteur politique majeur.
C’est le rêve obstiné d’une Europe qui serait une puissance, bienfaitrice, apaisante, une puissance d’équilibre. Pas la puissance cafouilleuse d’un géant ivre, comme l’Américain, ou la puissance despotique comme en Asie et l’Asie commence à Moscou. Non l’Europe, comme une France en plus grand, un jardin à la française et le jardinier s’appelle Emmanuel.
Pourquoi pas ?
Selon le Président Macron, l’Europe trouve ainsi sa vocation : "garantir l’ordre multilatéral, créé à la fin de la seconde guerre mondiale et qui est parfois aujourd’hui bousculé".
Parfois en effet, il y a moins d’un mois, l’ordre multilatéral a été légèrement bousculé par cent missiles tirés sur la Syrie, sans aucun mandat d’aucune sorte.
On pourrait ajouter que garantir l’ordre sans armée, sans souveraineté et sans frontières, sans esprit de défense et sans même l’ambition d’en avoir comme en Allemagne, rappelle la Société des Nations avant guerre, incapable de peser sur le cours tragique de l’histoire.
Nous sommes le 10 mai, jour anniversaire où les Français aiment à se bercer d’illusions.