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Chaque matin, Vincent Hervouet nous livre son regard sur l'actualité internationale. Ce mercredi, il s'intéresse à l’ex-ministre de l’immigration danoise, Inger Stojberg, qui a été condamnée à soixante jours de prison et exclue du parlement pour avoir illégalement ordonné la séparation de couples de demandeurs d’asile.

Vincent Hervouet sur le sort de l’ancienne ministre de l’Immigration du Danemark qui a été hier exclue du parlement.

C’est la double peine… Un comble, pour l’égérie des anti-immigration !

Inger Støjberg a été condamnée lundi par la Cour spéciale de Justice et hier par les députés. Le tribunal juge les anciens ministres. Il s’est réuni trois fois en un siècle. Sa sévérité aussi est un évènement puisqu’il inflige à l’ancienne ministre de l’Immigration deux mois de prison, 60 jours de prison ferme. Le verdict est sans appel, elle doit purger sa peine.

Quel est son crime ? Avoir abusé de son pouvoir. Comment ? En ordonnant en 2016 que parmi les demandeurs d’asile, le mari soit placé dans un centre distinct de son épouse si celle-ci est mineure. La Cour a estimé que la séparation de ces couples était contraire à la Convention européenne des Droits de l’homme. L’ancienne ministre a plaidé non coupable. Elle défend les droits de la femme ou plutôt les droits des filles à ne pas être mariées de force à des barbons et à se retrouver enceintes à l’âge de 13 ans. Il parait que le cas s’est présenté. Selon les enquêteurs, sur 23 couples séparés de force, la plupart avaient très peu de différences d’âges et ils ont souffert de leur isolement.

La Cour spéciale n’a pas été spécialement sensible au féminisme de l’ancienne ministre. Ils ont saqué une politicienne cynique.

Les députés ont renchéri. Pas question d’avoir parmi eux un élu avec un bracelet électronique. A une écrasante majorité, ils l’ont bannie du parlement où elle siégeait depuis vingt ans… Dehors, la délinquante. Et tout de suite ! Honte sur elle qui s’est retrouvée sur le pavé, au propre et au figuré.

C’était pourtant le ministre le plus populaire et la femme politique préférée des Danois.

Face aux caméras, elle a fait bonne figure : « je vais assumer ma punition » dit-elle, « mais je ne courbe pas l’échine ». Ce n’est pas son genre. C’est une provocatrice que rien n’intimide. Ni le pouvoir des juges, ni les jaloux du parlement, ni les bien-pensants des médias.  Elle publie systématiquement les insultes qu’elle reçoit et y répond en rigolant. Elle fait de même avec les menaces de mort. Inger Støjberg, c’est la réaction à visage hilare. Elle met les rieurs de son côté, elle nargue, elle ose.

Elle a osé confisquer les biens des migrants qui débarquaient avec plus de 1300 euros en poche. « L’Etat n’a pas à payer l’aide sociale de ceux qui peuvent le faire eux-mêmes ». Elle a osé en 2015 acheter des pleines pages dans les journaux libanais pour faire savoir que les allocs pour les nouveaux venus seraient réduites de moitié. Elle a osé fêter l’adoption de son cent dixième amendement restreignant les droits des étrangers.

Résultat :  21.000 demandeurs d’asile en 2015. 7000 seulement en 2016. 1500 l’an dernier, un record depuis un quart de siècle.

Inger Støjberg est le mouton noir qui vient d’être immolé dans un pays qui est le mouton noir de l’Europe en termes d’immigration.  

Privée de son siège de député, elle se retrouve seule.

Plus elle est attaquée, plus elle est populaire. On peut parier qu’elle le sera encore plus quand elle aura purgé sa peine.

Depuis l’affaire des caricatures de Mahomet publiées par un hebdo de Copenhague en 2005, les Danois pensent qu’il y a quelque chose de pourri dans leur royaume.

C’est ainsi que le pays le plus tolérant d’Europe, sans passé colonial, toujours à l’avant-garde en matière sociale, est devenu le plus déterminé à défendre son mode de vie et le plus dissuasif vis-à-vis de l’immigration.