Chaque jour, Vincent Hervouet traite d’un sujet international.
La Turquie, la Russie et l’Iran pour "un cessez le feu durable" en Syrie. Les dirigeants des trois pays se sont retrouvés pour préparer l’après-guerre.
Vous avez vu ces trois hommes qui se tiennent par la main, un vague sourire aux lèvres et l’œil froid. Rien ne les intimide. Ni leur peuple, ni la guerre, ni les hauts le cœur de la communauté internationale. Poutine, Erdogan, Rohani, le trio des réprouvés. C’est le tiercé gagnant de la guerre en Syrie.
Ils se sont retrouvés hier au Palais Blanc que s’est offert Recep tayip Erdogan, 1000 pièces à la Ceaucescu, un nouveau Topkapi. Le sultan était fier d’y accueillir ses voisins, le tsar Poutine et le mollah perse Rohani. Ce sont les trois parrains de la Syrie, sans qui rien ne peut se faire, ni se défaire.
Ils sont les maitres du jeu.
À ce moment de la partie, oui. Vladimir Poutine vient d’écraser les djihadistes de la Ghouta Orientale, un vrai tournant dans la guerre. Il a sauvé Bachar el Assad et restauré l’influence Russe.
Hassan Rohani a payé le prix du sang, ses pasdarans ont servi de chair à canons, ils ont ouvert "l’autoroute chiite", le pont qui relie le Golfe à la Méditerranée.
À côté, le Turc est l’opportuniste de la 23° heure. Il vient de conquérir Afrine et d’en chasser les peshmergas Kurdes. Il a empêché les Américains d’en faire une armée de 30.000 hommes à sa frontière. Il veut pousser l’offensive. Les autres acceptent, sous conditions. Qu’il ne s’attarde pas en Syrie. Qu’il ramène ses protégés islamistes à la table des négociations.
Quelles négociations ?
C’est la question ! Toutes les palabres ont échoué. Genève 1 et Genève 2. Le plan arabe. Les médiateurs successifs de l’Onu et les 9 cycles de négociations qu’ils ont animés. La feuille de route de Vienne. Le processus d’Astana. Le congrès du dialogue national à Sotchi.
Que du temps perdu ! Depuis Arafat, on sait que les négociations qui nomadisent de capitales en stations balnéaires ne mènent nulle part. Des mirages pour diplomates.
Hier, le tiercé des vainqueurs jouissait de son triomphe parce qu’il le sait éphémère. Il savourait aussi l’absence de l’Occident. Les Européens humiliés. Les Américains hors-jeu. Si cela ne tenait qu’à Donald Trump, il aurait déjà rapatrié les 2 000 GI’s qui campent avec les Kurdes. Il dit que la mission est accomplie, puisque Daech est en fuite.
Et il a tort ?
Il faut avoir la fraicheur de Donald Trump pour imaginer qu’on peut se retirer de la partie en cours. Jamais les Israéliens n’accepteront que l’Iran déploie ses milices à leurs portes. Les Saoudiens ne vont pas renoncer à contenir les chiites. L’Otan ne supportera pas éternellement les infidélités turques. Tout est en place pour que la course au nucléaire reparte. La menace terroriste perdure. La décomposition du Moyen Orient va continuer. C’est une guerre de trente ans. Dont personne n’a le mode d’emploi.