Chaque jour, Vincent Hervouet traite d’un sujet international.
Hier, intense activité au Parlement européen réuni en session à Strasbourg.
Le Parlement européen à Strasbourg, c’est le château de la belle au bois dormant. Les ¾ du temps, le fonctionnaire européen fonctionne peu, il hiberne. Quand la transhumance saisonnière ramène les députés européens, l’eurocrate ne se réveille pas, il se met à rêver ! Hier, Emmanuel Macron a fait de nouveau fantasmer tous ceux qui s’obstinent à espérer le rendez-vous avec l’Histoire, peut-être pas les Etats Unis d’Europe, ni l’empire carolingien, ni même la baroque fédération d’états nations, mais au minimum, un couple franco-allemand un peu moins platonique. Quatrième discours en six mois du Président sur le même thème, l’Europe qui protège et qu’il faut refonder, c’est tout comme et c’est urgent.
Il avait étrenné le genre à Athènes. Discours lyrique au pied du Parthénon, la Grèce en ruines inspirent toujours ceux qui tiennent à l’Euro. Il y a eu ensuite le cours à la Sorbonne. Puis la foire du livre à Francfort. Enfin, hier l’agora à Strasbourg. Chemin faisant, on sent comme un dépit qui vient. Et pour cause : les élections en Allemagne, en Autriche, en Italie, en Hongrie et même en Catalogne sont autant d’obstacles supplémentaires. L’été dernier, le Président moquait les souverainistes de repli et leurs passions tristes. Cette fois, il dénonce "une forme de guerre civile européenne", il éreinte la génération des somnambules. Cette amertume était prévisible : ceux qui croient que "l’Europe, c’est l’avenir" et les nations le passé ont tendance à s’impatienter. Tôt ou tard, ils deviennent les imprécateurs de l’Europe telle qu’elle tourne, c’est à dire pas rond, lourde, lente, obtuse, les peuples debout sur les freins.
Le Président dénonce "L’Europe de l’habitude"
On comprend que le Président soit déçu. Il mise sur l’Allemagne et elle reste en panne. Angela Merkel est fragile, la coalition de gouvernement encore plus, il n’est pas question de mutualiser les risques dans la zone euro. Leur seul horizon reste l’équilibre budgétaire. Et la CDU a même fait échouer le projet élyséen de listes transnationales pour les élections de l’an prochain. Le coup de pied de l’âne est venu de Jean-Claude Juncker. Le Président de la Commission a applaudi le discours (" La vraie France est de retour") et il a ajouté : "Mais n’oublions pas que l’Europe n’est pas seulement franco-allemande"
On risquait de l’oublier ?
Surement pas ! L’Europe se fait à 27. C’est bien le problème. Si la France était seule, ce serait déjà fait. Et encore, 27, le compte est provisoire ! La Commission a annoncé hier qu’elle recommandait l’ouverture de négociations d’adhésion avec l’Albanie et la Macédoine. L’Union à 27 passera donc à 26 avec le Brexit mais remontera à 28 avec les deux Etats balkaniques. Se demander si on gagne au change est cruel. L’Europe va continuer à se diluer. Elle ne va pas s’enrichir. Salaire moyen, moins de 400 euros. Et encore ! Le tiers du Pib de l’Albanie, c’est la drogue. Et elle exporte essentiellement ses mafieux. A côté la Sicile, c’est la Suisse. Les clans albanais dominent désormais le crime organisé en Europe. Dans les prisons françaises, le nombre d’Albanais a augmenté de 340% en cinq ans.
Quant à l’autre candidat, on ne sait même pas comment il s’appelle. Cela fait un quart de siècle que les Grecs refusent qu’on parle de Macédoine. L’autre semaine, des centaines de milliers de Grecs ont encore manifesté pour s’y opposer. C’est un conflit supplémentaire qui sera importé en Europe.