Marc-Olivier Fogiel : à priori, être traité comme un Dieu vivant par une cour d'adorateurs dévoués, il n'y a pas mieux ! Pourtant, un jeune garçon choisi dès son plus âge par le Dalaï-lama pour devenir, lui aussi, un grand lama, a décidé de changer de vie. Ce qu'il veut, c'est être... une star de cinéma. Il s'est trompé le Dalaï, Stéphane Blakowski ?
C'est pas son genre mais bon, il se trouve qu'en 1985 à Dharamsala, il a peut-être fait une boulette. Ce jour là, le Dalaï Lama a désigné Hita Torres comme la réincarnation de l'âme du lama Thubten Yeshe. À seulement 14 mois, l'enfant a reconnu la couleur de la voiture du défunt, ce qui prouve bien que c'est lui. La surprise, c'est que Hita Torres n'est pas tibétain ! Ses parents sont des bouddhistes espagnols en voyage en Inde.
Résultat, toute son enfance et son adolesence, il a été coupé du monde, élevé en compagnie d'enfants censés être, comme lui, des âmes réincarnées de Grand Lama .
Sauf qu'à l'âge de la majorité, il a décidé de tout envoyer promener. Fini la boule à zéro, au placard la tunique rouge, notre petit lama espagnol s'est laissé pousser la tignasse et il ne porte plus que des jeans baggy. Ça fait penser à petite crise d'adolescence mais aujourd'hui, à 24 ans, Hita Torres a enfoncé le clou dans une interview donnée à "El mundo". Il accuse les moines tibétains de l'avoir "enlevé à sa famille pour le placer dans une situation médiévale où il a beaucoup souffert car sa vie était devenue un mensonge".
Désormais, il est inscrit en troisième année de cinéma dans une université de Madrid. Quant à savoir comment lui est venu cette vocation, une piste s'impose : celle de Richard Gere. En effet, l'acteur américain s'est converti au bouddhisme et il était l'une des rares personnes autorisées à rendre visite aux jeunes lamas réincarnés dans leur retraite.
Hita Torres a dû choisir : Hollywood, les millions de dollars, la gloire internationale, toutes les femmes du monde à ses pieds ou alors continuer à vivre en savates et à dormir sur un banc en pierre. Vu que Hita Torres a choisi Hollywood, c'est à se demander si le Dalaï-lama ne s'est pas gouré. Dans son entourage, on ne se démonte pas : si l'âme du vieux lama s'est réincarnée dans un jeune Espagnol qui veut faire carrière à Hollywood, elle a ses raisons. Tôt ou tard, elle reviendra à la tradition tibétaine mais enrichie d'une nouvelle expérience !