Le scandale des notes de frais fait tanguer la démocratie britannique. Le Parlement est pourri, il faut en changer dit un leader de l’opposition. Tous les partis sont touchés. Aujourd’hui, le président de la Chambre des communes pourrait être contraint à la démission. Ce serait la première fois depuis plus de trois siècles. Dans quel monde on vit Pierre-Marie Christin ?
Bonjour Marc-Olivier, bonjour à tous. Exactement depuis 1695. Ce président, on dit speaker à la base, s’appelle Michael Martin et il s’accroche. Ca n’est même pas dramatique, c’est misérable. "C’est historique sans doute mais c’est surtout hystérique" écrit aujourd’hui Le Guardian. Chaque matin en fait les députés tremblent en ouvrant leur journal. A qui le tour ? Et bien ce matin, c’est Nick Brown, un ami du Premier ministre, le chef de la majorité. On dit là-bas le "Whip", le fouet, qui voit ses notes d’épicerie à la une, 30.000 euros en 4 ans. En fait depuis dix jours, les contribuables ont déjà appris qu’il ne payait pas, comme en général dans les scandales britanniques, les jeux coquins de leurs hommes politiques mais maintenant le décor, l’engrais pour la pelouse, les chandeliers, un fauteuil de massage, un rocking-chair, l’entretien de la piscine, et même, et surtout, et souvent, les intérêts des emprunts pour acheter la maison et ça n’est qu’un début. Il resterait des milliers de relevés à vérifier.
Et comment le scandale a-t-il pris de telles proportions Pierre-Marie ?
D’abord, on n’est pas dans un pays latin. Vous savez que dans les pays anglo-saxons, la tolérance pour ces choses est beaucoup plus faible ces choses-là. Mais ce qui est surtout intéressant, c’est lorsqu’on écoute certains députés comme hier Ben Chapman, qui s’est fait rembourser environ 20.000 euros d’intérêts d’emprunts immobiliers et qui a fait savoir qu’il ne rendrait rien : "Quoi que j’ai fait, je l’ai fait ouvertement et avec toutes les autorisations". Alors Marc-Olivier, ça doit vous rappeler quelque chose ?
Oui les patrons qui défendaient leur bonus en disant qu’ils étaient légaux.
Absolument. C’est ça. La crise est passée par là. Les médias britanniques sont pleins de sujets de sa majesté écœurés de voir que pendant que les maigres secours d’un état amaigri leur permettent tout juste de servir et bien pour d’autres, tout continue comme avant, que ce soient des banquiers ou des députés. Ce qui était toléré devient absolument insupportable. L’élite tout entière est soupçonnée de cupidité, d’indifférence. "Il faut que les Anglais soient à nouveau sûrs qu’ils sont gouvernés par d’honnêtes gens", écrivait hier le Times de Londres. La vieille démocratie anglaise a de solides anticorps pour y résister mais c’est un avertissement pour tous. La vertu est à l’ordre du jour donc les démagogues pas loin. Gordon Brown l’a compris, il dit qu’il faut réformer tout le système politique.
La phrase du jour
Pétrone : "Que peuvent les lois quand l’argent est roi ?".