Barack Obama peut-il réconcilier l’Amérique et le monde arabe ? Le président américain commence aujourd’hui une tournée qui va le mener de l’Arabie Saoudite à Buchenwald, et des plages du débarquement au Caire où il veut remettre la paix sur les rails. Dans quel monde on vit Pierre-Marie Christin ?
Le journal britannique "The Independent" appelle ce voyage la tournée "Je ne suis pas Bush" et ça ne va pas être facile. Barack Obama le sait. La Maison Blanche d’ailleurs fait tout pour éviter les trop grandes espérances. Il a fallu attendre hier pour que le président américain évoque vraiment clairement le conflit israélo-palestinien. Obama n’a pour l’instant à offrir que des intentions et une tranquille assurance. Israël a encore refusé dimanche de geler les colonies et les Américains ne savent que faire des détenus de Guantanamo dont la fermeture rapide est un engagement ferme du président et symbole de l’humiliation arabe. Mais pour le monde musulman pour le moment, rien n’a changé.
Et que peut dire Obama Pierre-Marie ?
Il n’est pas Bush, c’est déjà ça. Mais il est Barack Obama et c’est ça son principal atout. Fils, frère de musulman, élevé en partie en Indonésie, le plus grand pays musulman du monde. Il ne peut pas au moins être soupçonné d’ignorance ou de mépris. Ca n’est pas tant l’Amérique en fait qui est attendue mais ce mystérieux président métis d’un pays blanc, ce chrétien tardif par choix dont le deuxième prénom, Hussein, est celui du petit-fils du prophète. Barack Obama intrigue ce monde arabe et musulman qui n’a jamais vu un président américain comme celui-là. Alors il doit renouveler auprès des musulmans son exploit électoral. Vous savez lorsqu’il a ouvert la porte qui séparait Blancs et Noirs pour leur montrer qu’ils vivaient sous le même toit, qu’ils pouvaient donc vivre ensemble. Ca peut paraître anecdotique, ça ne l’est pas. Les Américains n’ont jamais su trouver les mots au Proche-Orient face à ces peuples que tout sépare et qui n’ont en fait en commun que leur foi et leur défaite.
Et ça ne peut pas suffire Pierre-Marie ?
Non ça ne suffira pas et c’est ici que la voie est étroite. Obama veut faire des Etats-Unis, dit-il, "un modèle". Alors là, on n’est pas très très loin de Bush et de sa démocratie fournie, bombes comprises, à l’Irak ou l’Afghanistan. Mais pour Bush, démocratie voulait dire changement de régime par la force, pas pour Obama. Il est décomplexé vis-à-vis de l’Islam et même d’Israël en qui il ne voit pas une excroissance morale et stratégique de l’Amérique. Obama n’est ni un naïf ni un tendre, il veut en fait des relations normales, d’état à état, fondées sur les intérêts bien compris de chacun et intelligemment conciliés. Ce chemin passe sans cynisme mais avec un solide réalisme par quelques belles phrases fortes, demain, pour séduire les peuples, pour faire oublier la peur aux Israéliens peut-être, l’intégrisme aux Arabes. Ca n’est pas un petit programme après on passera aux choses sérieuses.
Phrase du Jour :
"Tout le monde savait que c’était impossible à faire et puis un jour, quelqu’un est arrivé qui ne savait pas, alors il l’a fait". Churchill