Le choc, ce matin, ça devrait être les chiffres de l'abstention. Pourtant, bizarrement, ce phénomène est vécu comme une fatalité : "c'est comme ça, en Europe on ne fait pas vraiment de la politique et on ne vote pas". La palme revient aux Polonais, qui frôlent les 80 %. Faut-il pour autant en conclure que nous n'attendons plus rien de l'Europe ? Non, car paradoxalement, les partis qui ont vraiment parlé d'Europe ont mobilisé plus que les autres, et cette tendance ne se vérifie pas seulement en France. Les eurosceptiques, dont on attendait qu'il provoquent une marée ne font de percée pratiquement nulle part. Première leçon : si dans une élection européenne on parlait d'Europe, peut-être que les européens voteraient.
La victoire de la droite qui, sans être un triomphe -elle fait moins bien que lors des précédentes élections- a néanmoins dépassé le score prévu amène une seconde leçon : le socialisme est à réinventer.
Finalement, le nouveau Parlement ressemblera comme un frère au précédent : 37 députés de droite, 22 % de socialistes et 7% de verts. La nouveauté est l'arrivée d'un groupe hétéroclite de 100 à 150 députés d'extrême-droite ou violemment anti-européens, et s'ils ne vont pas peser sur l'essentiel, leur présence est quand même un signal d'alarme.
En principe, ça devrait signifier que Manuel Barroso va redevenir président de la Commission européenne, ça sera la garantie d'une commission aussi interte qu'elle l'a été depuis 5 ans, d'une politique européenne dictée par les Etats : en fait, un retour aux origines, quand il n'y avait pas de Parlement. La moindre des choses serait d'attendre que le traité de Lisbonne soit ratifié pour désigner ce président parce qu'il faudrait alors une majorité absolue. Leçon numéro trois : est-ce que les états européens sont d'accord pour au moins respecter l'esprit des traités qu'ils ont voulus ?