L'approvisionnement du gaz de toute l'Europe pourrait de nouveau être coupé à cause de divergences entre le président et le premier ministre de l'Ukraine. Dans quel monde vit-on Pierre-Marie Christin ?
Oui, car le pays ne peut plus payer ses échéances de gaz, et ça n'a pas empêché hier la premier ministre Ioulia Tymochenko de dire tranquillement qu'elle allait encore en acheter plus en juillet. On pourrait regarder ça de très loin, seulement, un quart du gaz brûlé en Europe vient de Russie et 80% de ce gaz passe par l'Ukraine.
Moscou -vous vous en souvenez peut-être- a déjà fermé deux fois les vannes depuis janvier et hier, Vladimir Poutine a prévenu : "on ne fera pas crédit". Tous les pays d'Europe Centrale et Orientale, mais aussi la France, l'Italie et l'Allemagne dans une moindre mesure pourraient bien être touchés si c'est fermé dès juillet.
On pourrait bien essayer de trouver une solution, mais pour cela, il faut être deux et au numéro Ukraine, personne ne répond depuis février. Il n'y a ni ministre des finances, ni ministre des affaires étrangères, ni ministre de la défense. Le ministre des transports a démissionné cette semaine ; quant au ministre de l'intérieur, il a été pris en flagrant délit d'ivrognerie. On ne sait pas si c'est par goût d'alcool ou par dégoût de la politique, mais toujours est-il que là-bas, le remaniement se fait par le vide.
Tout ça, vous l'avez dit, c'est parce que la premier ministre Tymochenko et le président Iouchtchenko, naguère alliés, se détestent et ne se parlent plus. Dans ces conditions, il est bien difficile de faire un gouvernement.