Article rédigé à partir des archive sonores d'Europe 1 du 9 mai 1981 et du quotidien Le Monde du 10-11 mai 1981.
Deux semaines après leur arrestation en Tchécoslovaquie, le moral des deux Français est bon. Françoise Anis, 24 ans, et Gilles Thonon, 29 ans, sont accusés par les autorités tchèques d'activités subversives graves et d'aide à une organisation criminelle.
Les deux Français transportaient des documents dans leur voiture quand ils ont été interpellés le 28 avril dernier. Si le contenu de ces documents n'a pas été dévoilé par les autorités tchécoslovaques, on sait qu'il s'agit à la fois de brochures, de disques et de cassettes qui ont été jugés "tendancieux". Emprisonnés dans la banlieue de Prague, leurs conditions de détention sont "normales" et les deux détenus gardent le moral, ont assuré leurs avocats commis d'office. Pour le reste, Prague n'a pas davantage communiqué sur ce dossier.
"Accusés d'activités subversives" :
Françoise Anis,étudiante en droit, est militante de la Ligue des droits de l'homme. Elle préside la section du 17e arrondissement à Paris. Elle est également membre de l'UNEF indépendante et démocratique, tout comme Gilles Thonon, qui est lui avocat. A la Ligue, on précise que les deux Français ont eu le temps de rencontrer des militants de l'opposition tchécoslovaque avant d'être arrêtés.
Ces rencontres n'ont pas manqué de faire réagir le gouvernement tchécoslovaque qui a mené un vaste coup de filet dans le milieu dissident, au lendemain de l'arrestation des deux Français. Une trentaine de militants des droits de l'homme ont été placés en garde à vue, dont la femme de Vaclav Havel, co-fondateur de la charte 77, et Jiri Hajek, ancien ministre des Affaires étrangères.
"Une répression illégale"
Le collectif de la Charte 77, qui milite depuis 1975 pour le respect des accords d'Helsinki de 1975 sur les droits de l'Homme, a aussitôt protesté contre "cette répression illégale des sympathisants et des signataires de la Charte".
Dans ce contexte politique tendu, le quai d'Orsay a une marge de manoeuvre limitée. La France cherche pour le moment à garantir les droits à la défense des deux Français, et le consul a obtenu l'autorisation d'aller leur rendre visite mardi prochain. Ils risquent tous les deux jusqu'à 10 ans de prison.