L’édito politique d’Europe 1, bonjour Claude Askolovitch...
Est-ce que Daniel Cohn-Bendit est un homme du passé ? C’est Rachida Dati qui le dit ! Et la ministre candidate a-t-elle touché juste ?
Il y a évidemment un contraste entre l’image éternelle... du lutin de mai 68, et la réalité... de Monsieur Cohn-Bendit, qui a 63 ans, qui est député européen depuis 1994 ! Il est devenu une sorte de sage de l’Europe...
Et parfois le vieux sage est bougon... Il trouve que les gens ne se comportent pas bien, il pense que Rachida Dati ne sera pas un eurodéputé sérieux ; ou bien il pense que Sarkozy ne devrait pas fermer la porte à la Turquie... Ou il trouve que l’Europe a tort de vivre au-dessus de ses moyens ! Et donc il va falloir s’occuper de l’endettement...
Ce qui est amusant... c’est qu’il fait la leçon aux autres... avec un langage totalement débridé ! On a la verve du Dany de mai 68 au service d’un écolo centriste mécontemporain ! Il a traité Angela Merkel et Nicolas Sarkozy de chefs de gangs... pour expliquer qu’il ne fallait pas du tout confondre leur meeting avec les grandes réconciliations franco-allemandes... Il dit aussi que Nicolas Sarkozy... sera pour la Turquie en Europe... quand il sera devenu un grand patron vendant des centrales nucléaires aux Turcs !
Est-ce qu’on peut parler de "sage" pour quelqu’un qui tient des propos aussi chocs ?
La question ne vaut pas seulement pour Cohn-Bendit... Tout le monde parle cash, pour provoquer et faire passer des messages...
En réalité, on peut être d’accord avec lui... ou non. Mais Cohn-Bendit est beaucoup moins un homme du passé qu’un inventeur ou un précurseur...
Il a sorti les Verts allemands du gauchisme pour les amener au pouvoir.
A la présidentielle de 2007... Il a essayé de marier Ségolène Royal et François Bayrou...
Cette année, il a rassemblé les écologistes français... pour les sortir du sectarisme et de l’impuissance !
Il n’a pas une petite idée de lui-même... Mais c’est un pragmatique... qui veut faire avancer ses idées...
Il a expliqué aux écologistes italiens qu’il ne fallait pas hésiter à jouer aussi avec la droite... même si la droite s’appelle Berlusconi !
Mais en France, il est un opposant?
Il est l’éternel opposant... mais un opposant malgré lui... Cohn-Bendit fait penser à un personnage d’une vieille blague, un homme qui se promène dans un village et qui crie : j’ai des réponses, quelqu’un veut me poser une question?
Il aimerait bien être un personnage central de la gauche... moderne, pas seulement l’icône de 68.
En 1999, il aurait bien voulu être considéré par Lionel Jospin...
Avec Sarkozy... il a une relation assez simple. Cohn-Bendit voudrait être l’adversaire... du Président, son ennemi privilégié, donc son complice...
Au fond, cet opposant voudrait gouverner... On le mettrait au gouvernement de l’Europe, il aurait accompli son destin...
C’est compliqué mais pas impossible... Les sondages ne sont pas mauvais du tout...
Donc Cohn-Bendit a un espace pour se faufiler, s’il arrive à manœuvrer... La ruse n’a pas d’âge !