On parle ce matin du voyage de Barack Obama : d'abord l'Arabie Saoudite, ensuite le Caire, où il a prononcé un important discours, puis l'Allemagne hier, et enfin aujourd'hui les plages de Normandie. Qu'est ce qu'on peut retenir jusqu'à présent de cette tournée au pas de course ?
Eh bien, évidemment que c'est un parcours à très forte charge symbolique : "salam aleikoum, que la paix soit sur vous !" a lancé Barack Obama aux jeunes venus l'entendre à l'Université du Caire. En réalité, à des millions de musulmans puisque son intervention a été diffusée en direct par une trentaine de télévisions de langue arabe. Objectif du voyage : briser le cycle de la discorde entre l'Amérique et l'Islam, restaurer une image que huit années d'administration Bush ont beaucoup ternie. Alors bien sûr, il l'a dit, un discours ne peut éradiquer tant de méfiance accumulée, ni mettre un terme à 60 années de guerre au Proche Orient. Mais celui qui s'exprimait est tellement à part, hors du commun...
D'abord, s'il est de confession chrétienne, le président Obama se prénomme Barack Hussein, prénom très répandu dans l'univers culturel musulman chiite, et ce lien avec ce monde là lui vient de son père, un kenyan élevé dans la foi musulmane. Et qu'un homme comme lui, d'origine africaine, soit président des Etats-Unis est bien selon lui la preuve que l'Amérique n'est pas le stéréotype grossier d'un empire qui n'a d'autre intérêt que le sien. Et il l'affirme. "Oui, l'Islam fait partie de l'histoire de l'Amérique. Je sais, dit-il, la dette que la Civilisation doit à l'Islam."
Et Barack Obama a voulu s'expliquer sur les questions les plus épineuses.
Oui, en parlant vrai et en se référant au Coran, à la Torah, au Nouveau Testament... pour évoquer l'Afghanistan, l'Irak, l'Iran, l'impasse entre Israëliens et Palestiniens, la liberté religieuse, la démocratie, tout y est passé mais il a su gagner les coeurs car un changement de vocabulaire peut modifier une atmosphère. Ainsi, les terroristes de l'ère Bush, sont, dans sa bouche, devenus des "extrémistes violents qui oublient la tradition de tolérance de l'Islam".
Je cite deux phrases de son discours, "l'alliance avec Israël est indestructible mais la situation des Palestiniens est intolérable". En fait il a appelé tous les acteurs du conflit à prendre leurs responsabilités et la solution selon lui c'est deux Etats.
Oui, et si Barack Obama veut conserver sa crédibilité, il doit absolument faire progresser le dossier. Or, manque de chance, il arrive au pouvoir avec en Israël une coalition de droite et d'extrême-droite qui refuse, contrairement aux promesses, tout gel de colonisations juives dans les territoires occupés et même qui les intensifie alors qu'en réalité, elles n'ont jamais cessé, pas même quand les travaillistes négociaient pour la paix. Mais comment arrêter ce processus ? "Yes we can", eh bien cela, Barack Obama ne l'a pas dit. Une seule chose est sûre ; l'administration américaine si défaillante sous l'ère Bush sera avec lui désormais déterminé.
Aujourd'hui Barack Obama participe aux célébrations du 65ème anniversaire du Débarquement. Ca va faire de belles images, il aura un entretien avec Nicolas Sarkozy, l'harmonie entre les deux présidents est-elle totale ?
Il y a quelques jours sur Canal +, Barack Obama s'est réjoui des excellentes relations qu'il entretient avec le président français dont il a salué le grand courage sur l'Afghanistan et aussi sur la tentative d'ouverture sans concessions vers l'Iran. Il a aussi salué sa parole "décisive", je le cite, sur le réchauffement climatique ou la récession économique.
Est-ce que ça veut dire, Catherine, que tout baigne ?
Je ne dirai pas ça parce que Barack Obama est un homme qui se prête mais ne se donne pas comme ça. Et non, parce qu'il y a tout de même entre eux des divergences : sur l'adhésion de la Turquie en Europe, sur le port du voile islamique banni dans les écoles en 2004 mais qu'au Caire Barack Obama a défendu en disant : "On ne peut dissimuler l'hostilité envers une religion derrière le faux semblant du Libéralisme", mais on le voit bien, le président d'un état théocratique a beaucoup de mal à comprendre ce qu'est la laïcité à la française. Et autre différence